- La Russie a effectué un premier vol de test pour son avion de ligne SJ-100.
- Sa particularité réside dans l’origine de ses pièces, produites à 100% sur le sol russe.
- Moscou a été contraint de s’adapter : privé de pièces étrangères en raison des sanctions occidentales, renouveler et entretenir la flotte actuelle devient impossible.
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Guerre en Ukraine : un séisme pour l’économie mondiale
Capable d’emporter à son bord une centaine de passagers, le Yakovlev Superjet 100 est un avion de ligne russe qui a effectué ses premières liaisons commerciales en 2011. Essentiellement utilisé par des compagnies russes pour effectuer des liaisons régionales, il a été développé en partenariat avec des firmes étrangères. Son moteur, en particulier, est le fruit d’une collaboration avec le géant français Safran. Avec le déclenchement de la guerre en Ukraine, cette collaboration a pris fin, ce qui a rapidement posé des problèmes pour la maintenance et le renouvellement des flottes existantes.
Touché par les sanctions occidentales et confronté à l’impossibilité d’obtenir des composants, Moscou s’est lancé dans un vaste programme de substitution. Une version 100% russe de ce « Superjet » a été conçue et vient ces derniers jours d’effectuer son vol inaugural.
Une alternative aux Airbus et Boeing autrefois importés
Le site spécialisé Air Journal note (nouvelle fenêtre) que la version d’origine de cet aéronef présentait une « forte dépendance aux industriels occidentaux »
. Ce n’est plus le cas avec cette « V2 », rebaptisée « SJ-100 », qui a effectué un vol d’essai « d’une durée d’environ une heure »
. L’avion « a atteint une vitesse de près de 500 km/h et une altitude de 3.000 mètres »
. Dans les prochains mois, quelque 200 autres tests dans les airs devraient être réalisés, une étape incontournable et préalable à de futures livraisons en série.
Sur le marché intérieur russe, ce nouvel avion « doit substituer les Airbus A320 et Boeing 737, désormais impossibles à importer légalement et difficiles à maintenir sans pièces de rechange officielles »
, ajoute Air Journal. Il s’agit aussi de réagir au retrait d’une série d’entreprises qui n’opèrent plus en Russie depuis le début de la guerre en Ukraine. Des centaines d’avions de ligne opérant sur le territoire russe étaient loués (nouvelle fenêtre) à des firmes spécialisées dans le leasing par les compagnies aériennes locales. La fin de toute collaboration a alors obligé à trouver des alternatives crédibles.
Le nouveau moteur du Superjet 100, qui fait partie des pièces « made in Russia » développées ces dernières années, est présenté comme « un élément crucial du programme de substitution des importations »
. Du côté de Rostec, la maison mère de l’avionneur United Aircraft Corporation, on reconnaît que cet aéronef a constitué un vrai défi, puisqu’il « a dû être pratiquement reconstruit de zéro ».
Si les tests se révèlent concluants, le Superjet 100 100% russe devrait être utilisé à grande échelle à travers la Russie. Si près de 200 commandes sont à honorer, il est très peu probable qu’il soit exporté ailleurs dans le monde : « La certification internationale de l’appareil semble désormais hors de portée »
, analyse en effet Air Journal, ce qui limite « ses perspectives à la Russie et à quelques alliés politiques ».