Devant sa résidence de Brasilia, l’homme se tient immobile. Bras croisés, regard fixe, mâchoire serrée. Jeudi 11 septembre, alors que la Cour suprême s’apprête à le condamner à vingt-sept ans de prison pour tentative de coup d’Etat, l’ancien président du Brésil Jair Bolsonaro prend la pose en silence et adresse aux photographes un étrange regard de ses yeux bleu azur. Défi ou dépit ? Interdit de réseaux sociaux, affublé d’un bracelet électronique et assigné à résidence, le capitaine déchu en est réduit à de muettes mises en scène.
Officiellement, pourtant, la contre-offensive est lancée, transférant le théâtre des opérations des tribunaux vers le Congrès. « Nous n’allons pas renoncer à notre Brésil, a déclaré, vendredi, le sénateur Flavio Bolsonaro, fils de l’ex-chef de l’Etat. Nous allons maintenant, de toutes nos forces, nous unir au Parlement (…) pour promouvoir la pacification de ce pays et accorder une amnistie large, générale et sans restriction pour tous, y compris Jair Bolsonaro. »
Il ne s’agit pas d’espoirs théoriques. Au Congrès, les ultraconservateurs sont en position de force, en particulier à la Chambre des députés, éclatée en une vingtaine de partis et dominée aux trois quarts par des partis opportunistes et l’extrême droite. Selon des décomptes effectués par la presse, autour de 300 députés sur 513 seraient favorables au vote d’une loi d’amnistie, bien au-delà de la majorité nécessaire, fixée à 257 voix.
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