- Deux jours après le mouvement « Bloquons Tout » du 10 septembre, il est temps de faire les comptes.
- Lyon, Paris, Montpellier, ou encore Rennes vont devoir engager des travaux parfois très lourds suite à des véhicules incendiés.
- Sans parler des graffitis qui représentent des budgets de nettoyage conséquents.
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« Bloquons tout » : une journée noire le 10 septembre ?
Tags, dégradation du mobilier urbain… Depuis jeudi, les agents de nettoyage sont à pied d’œuvre. « Entre hier et aujourd’hui, on est déjà aux alentours de 3.000 m² de graffitis nettoyés. Les signalements donnés par la mairie, ça nous a pris déjà toute la journée d’hier. Aujourd’hui, on va passer encore la journée dessus et je pense qu’on va en découvrir d’autres au fur et à mesure »,
indique Anthony Journet, responsable nettoyage à Saint-Priest (Rhône).
À Lyon, la mairie passe par des prestataires privés. Pour la seule manifestation du 10 septembre, elle doit débourser 5.500 euros, et à l’année, le coût est exorbitant. « Pour l’année 2024, c’est une surface de 335.000 m² qui a été nettoyée par la ville de Lyon et par son prestataire privé. Ça coûte autour de 1.130.000 euros par an. C’est une somme importante payée par le contribuable »,
précise Mohamed Chihi, adjoint au maire de Lyon.
300 euros pour une poubelle
À Paris, c’est la même rengaine. L’emblématique statue de la place de la République est presque systématiquement nettoyée après ce genre de mobilisation et elles sont nombreuses. À chaque fois, l’opération coûte 4.000 euros à la municipalité. Autre cible des casseurs, les poubelles qui coûtent pas moins de 300 euros l’unité.

80% des dommages vont être pris par les assureurs.
80% des dommages vont être pris par les assureurs.
François Riou, responsable du service indemnisation chez Leocare Assurances
La ville de Rennes, elle, va devoir remplacer l’un de ses bus incendiés par des vandales. Coup estimé : jusqu’à 300.000 euros. Qui va payer une telle somme ? « 80% des dommages vont être pris par les assureurs. En revanche, dans un second temps, l’entreprise pourra envisager, pour ses vides de garanties, de se retourner contre l’État dans certaines circonstances bien précises qui vont rester à déterminer par l’enquête et par les responsabilités des éventuels vandales »,
explique François Riou, responsable du service indemnisation chez Leocare Assurances. Si, au bout de l’enquête, la justice considère que l’État a échoué dans sa mission et porte une responsabilité, il peut être appelé à payer une partie des frais.

Et que risquent les auteurs de ces dégradations ? Ils encourent jusqu’à 5 ans de prison et 75.000 euros d’amende. Mais ces peines sont-elles appliquées ? Prenons l’exemple des Gilets jaunes. Durant ce mouvement, un homme a écopé de deux ans de prison et a même dû régler la note présentée par la mairie : plus de 72.000 euros pour la destruction d’une statue. Quant aux délinquants insolvables, le ministère de la Justice veut même aller plus loin. « Le principe des jours amende est un principe simple, c’est qu’on est condamné à une amende, donc à une sanction pécuniaire qui peut s’appliquer aux dégradations de biens matériels. Par contre, si on ne paye pas cette amende, la sanction du non-payement, c’est d’effectuer un certain nombre de jours en détention, en prison, fixés par le tribunal »
, souligne Sacha Straub-Kahn, porte-parole du ministère de la Justice.
Il faudra encore plusieurs semaines, voire plusieurs mois, pour déterminer précisément le coût de l’ensemble des dégradations.