Frédérique Loutz n’abuse pas des expositions : celle-ci n’est que la sixième en vingt ans dans sa galerie parisienne. Etant donné l’anniversaire, elle est en partie rétrospective, de 2004 à 2025. Aussi donne-t-elle l’occasion de vérifier quelques points. Le plus évident est la dextérité exceptionnelle de la dessinatrice, aussi à l’aise avec la botanique qu’avec l’anatomie humaine, les objets et les cosmogonies. Le deuxième est qu’elle se livre sans réserve aux étrangetés de ce que l’on nomme le plus souvent inconscient et automatisme. Tantôt des fragments de corps ou de choses flottent dans un espace délivré de la loi de la pesanteur ; tantôt, à l’inverse, ces éléments s’agrègent les uns aux autres et d’autres formes naissent.
Le troisième est que l’œuvre se dirige aujourd’hui dans une direction nouvelle. Désormais, Loutz dessine aux crayons de couleur des fleurs, des fruits, des yeux, des bouches, des arêtes de poisson, des zodiaques ou des rosaces. Puis elle les découpe et les dispose dans l’espace sur une armature à peine visible, allant de la peinture à la sculpture. Mais c’est pour repartir en sens inverse et se servir de ces arrangements comme de modèles pour de nouveaux travaux sur papier. Ces montages ont un côté pop, mais ils se projettent dans l’espace à la manière de Frank Stella (1936-2024). L’expérience continue et l’artiste admet qu’elle ne sait pas encore où elle l’entraînera.
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