Plus d’une centaine de policiers se sont rassemblés, vendredi 19 septembre, devant le commissariat de Tourcoing (Nord) pour protester contre la remise en liberté de deux suspects de l’agression d’un de leurs collègues le 11 septembre. Sur les cinq suspects de 15 à 19 ans mis en examen dans cette affaire très médiatisée – l’agression du policier ayant été filmée et diffusée sur les réseaux sociaux – seuls deux ont été placés en détention provisoire.
Ces deux suspects, un mineur et un majeur, ont été relâchés mercredi sous contrôle judiciaire, ce qui a déclenché l’indignation des syndicats de policiers et fait vivement réagir les ministres démissionnaires de la justice, Gérald Darmanin, et de l’intérieur, Bruno Retailleau.
« Remettre deux agresseurs qui ont fait un lynchage médiatisé avec cette vidéo, forcément on ne peut qu’être écœuré et en colère », a déclaré à l’Agence France-Presse Frédéric Moncheaux, secrétaire départemental adjoint du syndicat Alliance. Avec une telle décision, « on a donné un chèque en blanc à la délinquance », a renchéri Régis Debut, secrétaire du syndicat UNSA-Police pour les Hauts-de-France. Le parquet de Lille a fait appel contre la décision du juge des libertés et de la détention de relâcher le suspect majeur.
Gérald Darmanin avait déploré sur le réseau social X cette remise en liberté « si rapide de voyous à Tourcoing, mineurs ou majeurs, qui s’en prennent à des forces de l’ordre », rappelant son projet de loi de peines minimales et immédiates de prison ferme « pour tous ceux qui s’en prennent aux policiers, gendarmes, douaniers ».
Le Syndicat de la magistrature s’est offusqué vendredi de cette « nouvelle ingérence populiste » de Gérald Darmanin. « En critiquant la décision (…), le ministre bafoue une nouvelle fois l’indépendance des juges et jette le discrédit sur leurs décisions, au mépris de la Constitution », a réagi le syndicat dans un communiqué. Si les faits qui se sont produits à Tourcoing « suscitent une émotion légitime, la justice doit pouvoir suivre son cours en toute sérénité », a martelé le Syndicat de la magistrature.