Entassés à trois cents à bord d’une pirogue de 20 mètres de long, menacés, frappés et parfois jetés à l’eau pieds et poings liés, encore vivants… Des migrants, secourus au large de l’île de Grande Canarie, le 24 août, ont livré un récit détaillé à la police espagnole de leur terrifiante traversée. Un cauchemar qui a abouti, mercredi 17 septembre, à la mise en examen de dix-neuf personnes, cinq passeurs présumés et quatorze passagers. Dix-sept sont Sénégalais et deux sont Gambiens. Ils sont accusés d’homicides, de lésions et de tortures ainsi que d’encouragement à l’immigration clandestine.
Face au renforcement du contrôle des côtes du Maroc, de la Mauritanie et du Sénégal, le nombre de migrants arrivés dans l’archipel espagnol depuis début 2025 a chuté. Entre le 1er janvier et le 15 septembre, 12 500 personnes ont accosté aux Canaries, soit 53 % de moins que sur la même période en 2024.
Cependant, l’assèchement relatif de cette route migratoire a plusieurs conséquences. La route dite des Baléares, au départ de l’Algérie, a connu depuis janvier un essor considérable, avec 5 500 arrivées (+ 70 %). Par ailleurs, fait nouveau, des pirogues partent rejoindre les Canaries de pays de plus en plus éloignés, de Gambie voire de Guinée, bien que la distance à parcourir s’en trouve considérablement rallongée. Enfin, les pirogues qui accostent sont de plus en plus grandes et surchargées, aggravant les conditions de vie à bord.
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