Tout bien réfléchi, Schumpeter, c’est bien, mais pour les autres… Javier Milei, le président libertarien argentin, grand partisan du libre marché et de la « destruction créatrice » chère à l’économiste autrichien du début du XXe siècle, vient d’être sauvé in extremis par l’intervention de Donald Trump.
Depuis quelques jours, l’Argentine semblait revenir à ses démons d’antan. Le peso dévissait, la Bourse aussi, les réserves de dollars du pays s’épuisaient. Les investisseurs étaient très inquiets depuis la défaite du camp de Milei lors d’élections locales à Buenos Aires, sur fond de scandale de corruption, qui augurent mal des élections législatives de mi-mandat prévues le 26 octobre. De leur point de vue, c’est le risque de la fin du remède de cheval que Javier Milei tente de faire avaler à l’Argentine depuis qu’il est arrivé au pouvoir, fin 2023.
Lundi 22 septembre, les Etats-Unis ont mis fin à la panique. Scott Bessent, le secrétaire américain au Trésor, est intervenu : « L’Argentine est un allié important systémique des Etats-Unis (…) et le Trésor américain est prêt à faire ce qu’il faut (…) pour [la] soutenir. » Il se dit prêt à fournir des liquidités en dollars ou à acheter de la dette argentine. Les détails devaient être réglés mardi 23 septembre, lors d’une rencontre entre le président argentin et Donald Trump à New York.
Une tronçonneuse
L’effet a été immédiat, les marchés ont rebondi. « Immenses remerciements à Scott Bessent et au président Donald Trump », a salué Javier Milei. Avant d’ajouter son habituel cri de ralliement : « Vive la liberté, bordel ! » En l’occurrence, il s’agissait plutôt d’un plan de sauvetage étatique, dans une alliance objective entre droites radicales.
Il serait cependant trop facile de caricaturer. Depuis l’hyperinflation de la fin des années 1980, l’Argentine n’a jamais réussi à stabiliser durablement son économie. En désespoir de cause, le peuple s’est tourné vers ce populiste, qui brandissait une tronçonneuse le jour de son investiture, promettant de trancher dans le vif ce qui reste d’Etat providence.
Il vous reste 24.05% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.