Selon les archives de la déportation, Robert Launay était mort depuis longtemps. Le 10 mai 1945, il avait péri à 19 ans, à Dachau, en Allemagne. Il était trop faible pour être sauvé par les Américains qui avaient découvert le camp, le 29 avril. Il avait succombé avant son rapatriement, comme le mentionnent encore certains documents, huit décennies plus tard.
Dans la réalité, Robert Launay était rentré en France, vivant, miraculé. Dans la confusion administrative de l’époque, son retour avait échappé aux autorités. Mais celui qui est mort samedi 20 septembre, à trois mois de ses 100 ans, dans un Ehpad de Saint-Parres-aux-Tertres (Aube), était trop modeste ou trop enfermé dans son malheur pour corriger cette inexactitude. Et puis, d’une certaine manière, tout n’était pas faux dans cette notice par trop anticipatrice : il avait perdu, outre son père, une bonne partie de lui-même en déportation. Le jeune homme insouciant s’était, en quelque sorte, éteint là-bas.
Il vous reste 77.36% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.