Le manque de visibilité sur les perspectives économiques et budgétaires, et le contexte géopolitique ne pèsent pas que sur les projets d’investissement ou de recrutement. Cette incertitude contribue aussi à aggraver les retards de paiement entre entreprises. Selon une étude du cabinet Altares publiée mi-septembre, ceux-ci se sont rallongés partout en Europe sur les six premiers mois de l’année 2025, mais la dégradation est particulièrement marquée en France. Les retards de paiement atteignent désormais 14,1 jours, contre 13,5 fin 2024, et moins d’une entreprise sur deux (45 %) paie désormais ses fournisseurs à l’heure. Selon la Banque de France, ces « crédits interentreprises » représentent quelque 15 milliards d’euros, qui restent dans les caisses des entreprises clientes, souvent des grands comptes, plutôt que d’aller sur les comptes des PME ou des artisans.
« Plongées dans le brouillard, un certain nombre d’entreprises freinent au maximum les sorties de trésorerie pour se prémunir », déplore Pierre Pelouzet, le médiateur des entreprises, qui voit augmenter, doucement mais sûrement, le nombre de saisines liées à des retards de paiement. Elles représentent environ 40 % des dossiers traités par cette instance rattachée à Bercy, qui parvient à un accord entre les parties dans sept cas sur dix. L’allongement des délais de paiement est aussi le reflet de la situation économique d’un secteur d’activité : dans le textile et l’habillement, frappé par la chute des ventes et par de nombreuses défaillances, les retards atteignent par exemple vingt et un jours, indique Altares. Pour les agences immobilières, particulièrement touchées par la chute des transactions, ils dépassent les vingt-huit jours.
Pour certaines entreprises, spécialement les artisans, TPE ou PME, les factures impayées peuvent avoir des conséquences catastrophiques. « Je me suis retrouvée avec 450 000 euros dans la nature, du fait du comportement de quatre clients différents », relate ainsi une cheffe d’entreprise dans le secteur du BTP. Pour pouvoir payer ses salariés et ses propres fournisseurs, elle a dû contracter un prêt bancaire, tandis qu’elle et son associé n’ont pas pu se rémunérer pendant plusieurs mois. « Si je n’avais pas eu ce prêt, j’aurais été contrainte de licencier du personnel ou bien de vendre du matériel, ce qui aurait obéré mon activité future », observe la dirigeante.
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