A la charnière du monde arabe et de l’Afrique, deux pays sont en passe de s’effondrer. Rien ni personne ne semble en mesure d’arrêter les guerres civiles qui ravagent le Soudan et l’un de ses voisins, le tout jeune Etat du Soudan du Sud – aucune puissance régionale ni aucune superpuissance. Les populations paient le prix le plus lourd. Elles sont livrées aux affrontements sans fin auxquels s’adonnent les seigneurs de la guerre qui, mouvements rebelles ou prétendus pouvoirs établis, dévastent ces deux pays.
Dans le cas du Soudan, une sorte de malédiction congénitale est à l’œuvre. Comme au Yémen ou en Haïti, ce grand pays – trois fois la superficie de la France – est, depuis l’indépendance, en 1956, le théâtre de conflits armés quasi permanents. Les moments de paix sont l’exception ; la guerre intérieure y est la norme. Pour qualifier les combats d’aujourd’hui, on parle de la « quatrième guerre civile ». Et, si l’on se fie aux affrontements du passé, notamment ceux qui ravagèrent le Soudan entre 1983 et le début du siècle, le pire est à craindre : une série de massacres interethniques de grande ampleur.
L’Organisation des Nations unies (ONU), les ONG, notamment Médecins sans frontières et Handicap International, et d’autres encore ne cessent d’alerter. Réunie la semaine du 22 septembre à New York, l’Assemblée générale des Nations unies entendra les rapports les plus sombres. On ne pourra pas dire qu’on ne savait pas. On sait. A ce jour, la guerre commencée en 2023 a fait plus de 150 000 morts et, pour une population de plus de 50 millions d’habitants, les blessés se comptent en centaines de milliers. Les combats ont déplacé quelque 12 millions de personnes, entassées dans des camps de toile, sans écoles ni hôpitaux.
Le Darfour au cœur du conflit
Pillages, récoltes incendiées, villages réduits en cendres, viols, enlèvements, exécutions sommaires, toute la panoplie des affrontements interethniques se concentre dans la bordure ouest du pays, la région du Darfour. La guerre se déploie sur fond d’urgence alimentaire ou de préfamine, dit l’ONU. Les experts parlent de « l’une des pires crises humanitaires au monde ».
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