L’accord commercial conclu en juillet entre les Etats-Unis et l’Union européenne (UE) en dit long sur l’insignifiance « géostratégique » de cette dernière. Le fait même qu’il ait été conclu sur le terrain de golf de Donald Trump, à Turnberry, en Ecosse, en est le symbole le plus éclatant.
Les dirigeants de l’UE nous assurent que le « deal » en question était la moins mauvaise option car refuser des droits de douane de 15 % aurait déclenché une guerre commerciale bien plus dommageable. On peut en douter quand on connaît l’inconstance de Donald Trump et sa capacité à revenir sur un accord qu’il a lui-même signé. Il conteste déjà les régulations européennes en matière numérique et nous menace de droits de douane supplémentaires, sauf à consentir de nouveaux renoncements…
La vraie raison pour justifier ce qu’il faut bien se résoudre à appeler une « capitulation » est que les dirigeants européens pensent, à tort ou à raison, que l’Union n’est pas en mesure de soutenir seule l’Ukraine militairement et qu’une guerre commerciale de grande ampleur aurait pu inciter les Etats-Unis à retirer leur soutien à Kiev, comme au reste du continent. Ce mauvais accord commercial aurait donc été le prix à payer pour conserver l’engagement militaire américain en Europe.
Les pseudo-engagements d’Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission européenne, en matière d’achats de défense doivent être compris en ce sens : l’Union (comprendre les Etats européens) achètera davantage d’armements américains pour équiper Kiev. Un soutien indispensable, certes, mais qui fait abstraction d’un enjeu essentiel : le renforcement de la base industrielle de défense européenne. Or, acheter américain, même pour soutenir l’Ukraine, affaiblit notre capacité à produire des armements. D’autant que les Etats membres sont sur le point de dépenser plus de 800 milliards d’euros dans ce domaine. L’accord commercial avec Washington suggère que la plus grande part de ces investissements (600 milliards) soit dirigée vers les Etats-Unis plutôt que de rester en Europe. Ce n’est certainement pas la meilleure façon de construire l’autonomie stratégique européenne !
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