Si les mots « opération », « sédation », « intubation » riment pour vous avec « appréhension », et « hypnotique » avec panique, alors l’exposition qui retrace jusqu’au 25 octobre l’épopée de l’anesthésie, à Paris, aura peut-être valeur de catharsis.
C’est dans la grande salle lambrissée du Musée d’histoire de la médecine que vous découvrirez cette audacieuse invention, née au mitan du XIXe siècle. Fabuleux progrès médical, en effet. « Durant les guerres napoléoniennes, les chirurgiens pratiquaient des amputations sans anesthésie, en moins de trois minutes », rappelle Dominique Simon, président du Club d’histoire de l’anesthésie et de la réanimation (CHAR). Précurseur, le médecin militaire Dominique-Jean Larrey conçoit alors des ambulances chirurgicales mobiles pour porter secours aux blessés et fait appel au froid pour atténuer leurs souffrances.
Mais, pour exhumer les racines de l’analgésie, il faut remonter à la Haute Antiquité, avec les nombreuses plantes utilisées contre la douleur : pavot, ciguë, mandragore… Les techniques se diversifient : compression des vaisseaux du cou chez les Assyriens, pour obtenir l’inconscience avant la circoncision ; éponges somnifères retrouvées dans des monastères bénédictins du IXe siècle, etc. Avec ce paradoxe : jusqu’au milieu du XIXe siècle, la douleur était jugée nécessaire pour guérir.
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