La flottille Global Sumud n’a pas brisé le blocus de Gaza. Et pourtant, interceptée par les forces israéliennes, elle a élargi une brèche dans la paroi qui sépare la réalité à huis clos, où l’anéantissement de l’enclave se poursuit, et le monde qui l’enserre, monde où la colère, par endroits, conteste désormais le cours ordinaire des jours. Dans les villes de la Méditerranée, dans les rues des capitales européennes, en petits groupes vite dispersés, en vastes cortèges pacifiques ou en groupes prêts à aller au-devant de la police pour refluer encore et encore dans un air panaché de gaz lacrymogènes, des dizaines de milliers de personnes, vieux, jeunes, militants aguerris ou novices, ont manifesté, jeudi 2 octobre, en solidarité avec les Palestiniens et les 400 membres des équipages capturés au large des côtes de Gaza ravagées par les autorités israéliennes.
En Italie, où la marée des mobilisations en soutien à la Palestine, sans pareille en Europe, ne cesse de monter depuis l’été, l’esprit de la grève générale, décrétée pour le vendredi, n’a pas attendu l’aube. Dans au moins une quinzaine de villes petites et grandes, de Milan à Bari en passant par Florence et Rome, où un grand cortège spontané et familial avait déjà rassemblé des milliers de personnes la veille, les rues se sont remplies de nouveau. Comme à Bologne la rouge, où des milliers d’étudiants ont défié la police aux abords de la gare, lieu toujours chargé de la mémoire douloureuse et jamais refermée de l’attentat terroriste d’extrême droite qui y a fait 85 morts, le 2 août 1980.
« Ici on n’oublie pas les crimes fascistes ! », lance Yassin Bouhleli, 20 ans, en référence à un événement survenu un quart de siècle avant sa naissance. L’étudiant en agronomie a les yeux rougis par les gaz lacrymogènes lancés de l’autre extrémité du pont ferroviaire. Là, un autre groupe de manifestants agite un drapeau frappé du symbole de la flottille Global Sumud doublé des couleurs palestiniennes, omniprésentes au revers des vestes, attachées autour du cou de celles et ceux qui n’y ont pas déjà noué un keffieh.
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