Aux Etats-Unis, le premier vendredi du mois est connu sous le nom de « jour de l’emploi » (« jobs day »), pour les économistes et les politiques. Mais vendredi 3 octobre, le service statistiques du ministère du travail américain (BLS) n’a pas publié son traditionnel rapport mensuel sur l’emploi, en raison du shutdown dans lequel le pays est plongé depuis mercredi. Cette paralysie budgétaire prive la première économie mondiale d’un thermomètre majeur.
L’agence produit chaque mois des chiffres de l’emploi fondés sur un grand sondage réalisé auprès des entreprises américaines. A 8 h 30 (14 h 30, à Paris), le site du BLS n’a pas été mis à jour, comme de coutume, un message rappelant « la suspension des services du gouvernement fédéral ». « Les mises à jour du site reprendront lorsque le gouvernement fédéral reprendra ses activités », est-il ajouté.
Depuis mercredi, faute d’accord sur un budget pour l’Etat fédéral, les Etats-Unis se trouvent en situation de shutdown, qui conduit à la mise à l’arrêt d’une partie des services publics. Parmi les nombreuses implications du blocage : la mise au chômage technique des fonctionnaires du BLS et donc l’absence de publication d’indicateurs économiques récurrents. La sénatrice démocrate Elizabeth Warren avait appelé jeudi le président, Donald Trump, à publier malgré tout le rapport sur l’emploi.
La cheffe du BLS renvoyée
Ces données sont très sensibles, surtout depuis que le chef d’Etat républicain a renvoyé, le 1er août, la directrice du BLS après un rapport décevant. Il avait accusé Erika McEntarfer, sans fournir de preuves, d’avoir « manipulé » les chiffres afin de ternir l’image de l’administration Trump. Le rapport suivant a renforcé l’impression d’un marché du travail en perte de vitesse. Mais Donald Trump a relativisé sa portée.
Le BLS est dirigé provisoirement par l’ancien adjoint de Mme McEntarfer. La Maison Blanche prévoyait de placer l’économiste conservateur E. J. Antoni à la tête du service, provoquant un tir de barrage jusque dans son camp. Mais l’exécutif vient de se raviser.
Les analystes s’attendaient à un taux de chômage stable en septembre, à 4,3 %, et à un peu plus de créations d’emplois qu’en août (50 000, contre seulement 22 000 le mois précédent), selon le consensus publié par Trading Economics.