Qu’on y voie un joyau français à préserver ou un mastodonte dispendieux à réformer, la Sécurité sociale agite les débats depuis sa création, en 1945. Alors qu’elle fête ses 80 ans, Les Décodeurs répondent à cinq questions pas si bêtes sur cette vénérable institution.
A quoi sert la Sécurité sociale ?
La « Sécu » soutient les Français face aux grands aléas de la vie, notamment la maladie et la vieillesse, mais aussi les accidents du travail ou le handicap, en assumant tout ou partie des dépenses afférentes et en conduisant les politiques de prévention.
Son principe fondamental est la redistribution : chacun y contribue selon ses moyens et en bénéficie en fonction de ses besoins. « C’est une passion française, un grand choix de solidarité entre les bien portants et les malades, les jeunes et les vieux, les riches et les pauvres », explique Benjamin Ferras, haut fonctionnaire, enseignant et coauteur, avec Julien Damon, de La Sécurité sociale (Que sais-je ?, Presses universitaires de France, 2015).
D’où vient-elle ?
La Sécurité sociale naît formellement de deux ordonnances prises les 4 et 19 octobre 1945 par le gouvernement provisoire de la République française. A l’époque, le pays cherche à se reconstruire après dix années de crise économique et de guerre, et les principales forces politiques – communistes, socialistes et gaullistes – convergent vers la mise en œuvre d’une protection sociale universelle.
Cependant, l’histoire remonte à plus loin. La Révolution française avait déjà consacré « l’idée que les secours publics sont une dette sacrée de la nation » envers les individus, rappelle Léo Rosell, enseignant de sciences politiques à Paris-Dauphine et auteur de La Sécu, une ambition perdue ? (JC Lattès, 2025). Tout au long du XIXe siècle, « la tradition républicaine va mettre en avant l’idée d’une protection sociale universelle fondée sur la solidarité nationale ». En parallèle prospère « une tradition ouvrière reposant sur les caisses de secours mutuel et qui insiste sur la gestion par les travailleurs eux-mêmes », rappelle M. Rosell.
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