- Depuis plusieurs jours, l’hypothèse d’une suspension de la réforme des retraites agite la classe politique.
- Une telle mesure semblerait à même de repousser une nouvelle dissolution de l’Assemblée nationale, mais son coût pèserait sur les dépenses publiques.
- Les forces politiques sont donc largement divisées, notamment au cœur du bloc central.
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La réforme des retraites : dossier chaud de l’exécutif
Dans les couloirs de l’Assemblée nationale, les esprits s’échauffent autour d’une possible suspension de la réforme des retraites et les groupes se divisent au sein même du camp présidentiel, dès mardi 7 octobre au soir, dans une boucle sur messagerie cryptée. « Est-ce à nous de dilapider notre propre héritage ? »
, interroge la députée Renaissance Maud Bregeon. « Notre propre héritage, il n’en restera rien si nous loupons cette dernière chance de compromis avant dissolution »
, lui répond sa collègue Céline Calvez. Elle aussi députée macroniste, Annie Vidal rétorque : « C’est bien trop tôt pour lâcher les retraites, on grille toutes nos cartouches. »
Également représentante du camp présidentiel, et de surcroit présidente de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet estime à notre micro : « Je pense que ça peut faire partie d’une négociation globale, mais en aucun cas il s’agit de suspendre d’un trait de plume une réforme qui est nécessaire pour notre pays et pour laquelle nous nous sommes beaucoup battus. »
Un bloc central divisé
Dans l’hémicycle, c’est même tout le bloc central qui est divisé. Au-delà du parti Renaissance, les députés centristes du Modem et de Liot sont également partagés, mais favorables à l’ouverture d’un débat. En revanche, du côté d’Horizons et des Républicains, Edouard Philippe et Bruno Retailleau ont fait savoir qu’ils étaient contre toute suspension.
Pourtant, en 2023, 19 députés LR s’étaient opposés à cette réforme des retraites, jusqu’à voter une motion de censure du gouvernement. « Personnellement je n’ai jamais été favorable à cette réforme, je ne sais pas si ce sera une ligne rouge collective, pour moi ça n’en serait pas une »
, explique Xavier Breton, député Les Républicains de l’Ain.
Pour faire adopter une telle réforme, il faudrait dans tous les cas passer par l’Assemblée nationale, soit en l’inscrivant dans le budget de la Sécurité sociale, soit en rédigeant un projet ou une proposition de loi spécifique.
Le Parti Socialiste a fait savoir qu’il y était favorable. Il devrait être rejoint par les écologistes et les communistes. Mais que voterait La France insoumise ? « Nous, nous sommes favorables à l’abrogation de la réforme des retraites, donc il n’y a aucun accommodement à faire sur cette question »
, a déjà fait savoir Mathilde Panot, président du groupe LFI à l’Assemblée nationale.
Le Rassemblement National, lui, est favorable à une abrogation, mais serait prêt à voter une suspension. « Nous, on était opposés à cette réforme des retraites injuste de Mme Borne qui fait souffrir les Français. Donc toute suspension, tout ce qui permettra aux Français de partir plus tôt à la retraite, nous ne pouvons qu’y être favorables »
, tranche Thomas Ménagé, porte-parole du groupe RN à l’Assemblée nationale et député du Loiret.
À cette heure, si une suspension de la réforme des retraites devait être soumise au vote, l’issue en serait encore incertaine.