Le 13 novembre 2025 marque le 10e anniversaire des attentats terroristes commandités par le groupe Etat islamique ayant visé Paris et Saint-Denis, qui ont fait 130 morts – auxquels il faut ajouter deux personnes qui se sont suicidées – et plus de 350 blessés. Les attaques ont été perpétrées par dix terroristes, dont Salah Abdeslam – le seul à avoir été jugé et condamné à la réclusion criminelle à perpétuité incompressible.
François Hollande, président de la République lors des attentats, a répondu aux nombreuses questions des internautes, dix ans après les attaques terroristes à Paris et à Saint-Denis, qui ont fait 132 morts et plus de 350 blessés, le 13 novembre 2015.
Retrouvez ici l’intégralité des échanges publiés en direct sur le site du Monde.fr, dans la matinée du jeudi 13 novembre 2025.
Adri33 : Monsieur le président, quel malheureux souvenir vous marque le plus et vous vient en tête en premier, de cette longue nuit d’horreur pour la France ?
François Hollande (ancien président de la République) : La première image est celle du Stade de France, parce que c’est là que tout a commencé, avec la crainte qu’un terroriste ait pu s’introduire dans l’enceinte, et ensuite l’annonce qui m’est faite qu’il y a déjà un mort à l’extérieur du stade et que la fusillade a commencé sur les terrasses.
Je sais, à ce moment-là, que ce n’est pas un simple attentat, déjà tragique, mais un acte de guerre.
Leyl : Avec le recul, quel moment précis de cette nuit du 13 novembre vous a le plus marqué par le dilemme entre la raison d’Etat et l’émotion humaine ?
Après m’être adressé aux Français autour de minuit, j’ai décidé de me rendre sur une des scènes de l’horreur, au Bataclan. J’y ai vu des blessés qui étaient en train d’être transportés vers les hôpitaux, les plus graves avaient déjà été évacués, la rue était pleine de brancards, et je me suis rendu à pied avec Manuel Valls [alors premier ministre], Bernard Cazeneuve [alors ministre de l’intérieur] et Christiane Taubira [alors garde des sceaux] devant la porte du Bataclan.
Sortaient encore de ce lieu d’effroi des survivants. Jamais je n’oublierai leurs visages.
Charlotte04 : Monsieur le Président, au-delà de votre fonction, en tant qu’homme, comment vivez-vous aujourd’hui le 13-Novembre ? Comment ce souvenir vous accompagne-t-il personnellement ?
Il n’est pas de jour sans qu’une pensée me revienne sur des attentats, pas seulement celui du 13-Novembre. Car mon quinquennat a été, hélas, scandé par des attaques terroristes islamistes. Chaque fois que je repasse devant les lieux qui me sont familiers – les terrasses, le Stade de France, le Bataclan – me reviennent ces images et ces visages.
Le 13 reste néanmoins un jour qui doit être pour ses 10 ans commémoré. C’est dur pour les victimes, les survivants. C’est nécessaire pour les vivants pour que la transmission se fasse et pour que les leçons soient régulièrement tirées, notamment sur les menaces qui pèsent sur notre démocratie et nos libertés.
Nicolas : Le 13-Novembre constitue-t-il l’événement le plus stressant de votre mandat ? Comment avez-vous su gérer votre stress ?
Je ne peux pas établir une hiérarchie dans les épreuves. Il y a eu le 7 janvier, le 13 novembre, le 14 juillet 2016. A chaque fois, il y a la sidération. C’est ce que les terroristes cherchent à provoquer.
Comme chef de l’Etat, je dois à la fois réagir, prendre des décisions, m’exprimer, mais rester un être humain qui ne peut pas être impavide, impassible. La fermeté n’exige pas l’absence d’émotion, même si celle-là ne doit pas m’emporter.
Nad75 : Face à cette situation exceptionnelle, qu’est-ce qui devient la priorité absolue dans la gestion de cette crise ? Qui prend les décisions ? Outre le volet répressif, quelles sont les conséquences tirées de ces événements, au niveau éducatif, social ?
Face à une épreuve de cette ampleur, de cette gravité, c’est forcément le chef de l’Etat qui est en première ligne. A la fois par les compétences qui lui sont dévolues par la Constitution et par la légitimité qui est la sienne pour parler au nom de la nation.
Donc, cette nuit-là, comme à d’autres occasions aussi lourdes, j’ai été amené à décider, non pas seul, mais à décider moi-même de l’état d’urgence, de l’assaut pour libérer les otages, et des actions qui devaient aboutir à la neutralisation des terroristes. Mais je n’ai pu le faire que parce qu’une équipe était autour de moi, avec le gouvernement, avec les forces de l’ordre, avec les équipes médicales, les pompiers… bref, l’Etat. Pour qu’il y ait un chef, il faut qu’il y ait un Etat.
Boots63 : Période très choquante mais j’ai aussi en tête une grande concorde et je voudrais connaître votre avis sur ce qui pourrait à nouveau provoquer cette union nationale qui pourrait nous embarquer ?
La concorde nationale est la réponse la plus efficace, la plus forte, la plus nécessaire face à une attaque comme celle du 13-Novembre. C’était ma seule obsession, cette nuit-là. Arrêter, bien sûr, les terroristes, sauver autant qu’il était possible les victimes.
Mais garder l’unité du pays, éviter qu’il se fracture, se sépare, se fragmente. On y a réussi, pendant quelques semaines. Ensuite le débat politique reprend, c’est légitime. Les clivages réapparaissent. Mais le plus grave, c’est que le poison de la division prospère, longuement, longtemps.
Et la question que je me pose, c’est : est-ce que la société française serait aussi résistante et digne qu’elle l’a été il y a dix ans ? Et si un doute existe, alors il faut travailler pour restaurer la cohésion et l’unité.
letouene : Monsieur le président, vous arrive-t-il de vous dire « Nous aurions pu… Nous aurions dû… » ?
Oui. Face à un attentat, c’est le même tourment. Pouvait-on l’éviter ? Nous en avons déjoué bon nombre, sans que forcément l’opinion le mesure. Mais nous savions, avec d’autres pays, que nous étions visés.
Les services ont fait leur travail, et je n’ai jamais douté de leur engagement et de leur efficacité. Le commando qui est parti de Bruxelles s’était préparé depuis des mois, en Syrie et plus près de nous, nous en connaissions des éléments, mais nous ne savions pas quand, et où. Mais cette question vaut pour tous les attentats.
Dixans : Avez-vous pleuré ? Comment maintenir une posture neutre face à l’atrocité ?
Les larmes ne se commandent pas. Elles ne se provoquent pas. Elles viennent. L’une d’entre elles n’a pu être retenue lors de la première cérémonie d’hommage aux victimes. Le rôle d’un président, c’est de conjuguer l’autorité et l’humanité.
Alexandrine : Les équipes de police (BAC ou BRI ?) qui sont intervenues sur les différents sites des attentats, dont le Bataclan, ont-elles été récompensées par l’Etat via la légion d’honneur ou autre distinction ?
Oui, il y a eu la reconnaissance par la République de l’action de nos forces de l’ordre dont le courage et l’efficacité devaient être salués. Je pense aussi aux personnels de santé. A-t-on récompensé tous les acteurs ? Sans doute pas. Ce travail est encore à faire. J’avais fait en sorte de créer une distinction pour les victimes du terrorisme, et j’en remets encore régulièrement aujourd’hui.
Erwan : Dans quelle mesure le fait que votre nom et vos actions aient été cités par les terroristes du Bataclan pour « justifier » leurs actes lors de l’attaque vous a impacté en tant qu’homme ?
Oui, ce récit a été établi au procès. Ces phrases-là étaient apprises par les terroristes. Elles étaient énoncées pour nous diviser, pour opposer le pays à ses dirigeants et pour justifier une opération qui avait été préparée de longue date, bien avant l’intervention en Syrie, pour atteindre notre mode de vie et notre démocratie.
Mais c’est impressionnant d’entendre son nom prononcé par des assassins, et c’était fait pour que des victimes se retournent contre nos choix, nos décisions et notre lutte contre le terrorisme islamiste.
Clem : Est-ce que le 13-Novembre a changé vos rapports avec les autres chefs d’Etat, à l’époque et maintenant ?
Oui. J’ai considéré que beaucoup n’avaient pas pris la mesure de ce que représentait le terrorisme islamiste. Ils pensaient que c’était une affaire entre la France et ce qui se produisait en Syrie et en Irak. Ils sous-estimaient l’ampleur de la radicalisation dans leur propre pays.
Ils pensaient que leur politique extérieure, souvent timide, ne les exposait pas. D’autres croyaient qu’ils pouvaient être protégés par les services américains, alors que déjà le 11-Septembre aurait dû les éclairer.
Après le 13-Novembre, ils ont compris que ce n’était pas seulement la France qui était visée, mais eux.
Nico : Croyez-vous que les Français ont perdu le peu d’insouciance qui leur restait à la suite des attentats du 13 novembre 2015 ?
Les terrasses sont aujourd’hui remplies, y compris ce 13 novembre, il fait bon. Les salles de spectacle sont fréquentées, comme toujours, y compris le Bataclan. Il y aura un match ce soir au Parc des Princes, il y en a eu un samedi au Stade de France.
La vie continue, et c’est ça le plus important. C’était la meilleure réponse. Mais pas forcément dans les mêmes conditions. Chacun est plus vigilant, dans les transports, dans les lieux clos, mais personne ne peut renoncer à vivre comme avant, et c’est bien ainsi.
Que diriez-vous à Salah Abdeslam si vous l’aviez en face de vous ?
Lorsque je suis venu témoigner au procès des attentats du 13-Novembre, [Salah] Abdeslam était dans le box des accusés, à quelques mètres de moi. A la fin de mon témoignage, je me suis tourné vers lui et vers les autres accusés en disant qu’eux avaient tué, assassiné des innocents avec une inhumanité et une barbarie sans nom, mais qu’en France, dans notre démocratie, ils pouvaient être jugés par un tribunal, faire valoir leurs droits, disposer d’avocats, et même s’exprimer, ce qu’eux-mêmes n’avaient pas accordé à leurs victimes.
C’est ça la démocratie : elle est plus forte que le terrorisme. Elle gagne à la fin.
Antoine G : A quel moment de la nuit du 13 novembre vous êtes vous senti le plus seul ?
Oui, j’ai décidé seul au sens où j’ai assumé toutes les responsabilités. Mais je n’ai pas décidé solitairement. J’étais entouré du premier ministre, de ministres, de représentants de l’Etat, et j’ai pris leurs conseils, j’ai tenu compte de leurs avis.
La solitude est ce qui est le plus risqué dans ces moments-là. Mais il faut qu’il y ait à un moment un, et un seul, qui assume la charge.
Flo : Le soir du 13 novembre, vous avez décrété l’état d’urgence. Mais (heureusement) sans attendre, toutes les forces de police, la chaîne de secours, les hôpitaux se sont mobilisés avec les moyens du bord. Alors que les terroristes sont encore dans le Bataclan, avez-vous ressenti au cours de la soirée un sentiment d’impuissance ?
L’état d’urgence nous permettait de procéder par l’autorité administrative (les préfets) à des assignations à résidence et des perquisitions pour pouvoir conjurer d’autres actes terroristes, et même appréhender les auteurs de ceux du 13-Novembre. Il a été utile pendant plusieurs semaines. Ensuite son efficacité a été moindre.
Parallèlement, l’Etat a des moyens autres que ceux de l’exception pour agir. Et il a été présent et puissant, à la fois pour détruire le commando qui nous a attaqués, et, sur le plan militaire, pour éradiquer l’Etat islamique en Syrie, car c’est lui qui a décidé, organisé et perpétré l’attentat. Et les Français doivent savoir que leur Etat est puissant, peut être ferme et est efficace. On ne paye pas des impôts pour rien.
Antoine G : Que représentent les informations non divulgables pour un président après un attentat ? Comment vivre avec un tel poids ?
Il y a peu d’informations non divulgables et de secrets qu’un chef d’Etat doit retenir. Mais il doit veiller dans son expression à ne pas mettre en péril la vie des autres ou mettre en cause des enquêtes ou des opérations. En cette matière de lutte contre le terrorisme, la transparence n’est pas absolue et ne doit pas l’être, mais la vérité, elle, doit être établie.
Marie : Quelles sont pour vous les fonctions primordiales de ces commémorations ? L’entretien du souvenir est certes essentiel, mais, au-delà, quelle est l’essence de se rouvrir les blessures ? De s’accorder ce temps de deuil et d’expression de la souffrance ?
Oui, les cérémonies sont douloureuses mais indispensables. D’abord, pour rendre hommage aux victimes, pour entretenir le souvenir de la mémoire, pour éviter l’oubli, mais aussi pour témoigner auprès des vivants et des générations suivantes de ce qui a été une horreur, et qui a touché de nombreuses familles et blessé la société française.
Mais elles doivent avoir aussi une fonction pédagogique pour un pays. Qu’est-ce qui nous a rendus plus forts ? Qu’est-ce qui nous taraude aujourd’hui ? Comment garder confiance dans les institutions, les forces de l’ordre, la vie en commun ? De ce point de vue, une cérémonie est un acte politique qui vise au rassemblement et à la concorde.
Raph : Si vous pouviez envoyer un message à l’homme que vous étiez le 13 novembre 2015 à 21 heures, que lui diriez-vous ?
« Le pire est possible, attends-toi à cet effroi. » Mais le meilleur n’est pas interdit. Le meilleur, c’est la manière avec laquelle on va surmonter l’épreuve.
Vincent : les attentats ont marqué mon adolescence et c’est ce qui m’a poussé à m’intéresser à l’actualité et à la politique. Pensez-vous que ces événements vont être un marqueur pour toute une génération ?
Oui, chaque génération est marquée par une crise, une épreuve, un événement majeur. De la même manière que mon quinquennat a été, quoi que j’ai pu faire par ailleurs, celui des attentats terroristes.
Une génération a été, si je puis dire, « socialisée » par ce qui s’est produit le 13-Novembre, mis dans la tragédie de l’histoire. Mais qui a pu aussi comprendre que ce qui faisait la force d’une nation, c’était son pacte démocratique, et que cette prise de conscience doit justifier un engagement pour en préserver les fondements.
Soph : Pensez-vous que la justice restaurative est adaptée dans le cas des terroristes du 13-Novembre ?
Elle est compliquée, parce qu’il y a une part de dissimulation, d’instrumentalisation, qui demeure. Ce processus n’est possible qu’après la déradicalisation de l’individu.
Patri : Bonjour M. le Président, votre phrase « c’est une horreur », prononcée dans la soirée du 13, m’a marquée. Elle décrivait la vérité de la situation et votre propre sentiment sur le moment. Comment vous est-elle venue ?
Elle m’est venue spontanément. Je n’avais pas préparé, écrit cette allocution. Je l’ai exprimée avec mes sentiments et aussi ma volonté de dire les choses telles qu’elles étaient. Et pour que l’émotion puisse être partagée et que la fermeté puisse être comprise.
Byd_MC98 : Pourquoi, à votre avis, la France a-t-elle été visée et qu’a-t-on pu apprendre pour éviter que ça arrive à nouveau ?
Le terrorisme sévit partout dans le monde. J’ai souvent dit que dans les pays musulmans il avait pu être le plus meurtrier. Mais la France, par son histoire, par sa culture, par ses valeurs, demeure une cible, parce que ce que nous représentons est antagonique avec le fanatisme.
Et parce que si nous venions à céder, à mettre en cause nos règles de droit, à faire reculer les libertés, à choisir des voies d’exclusion, de repli et d’autoritarisme, alors nous ne serions toujours pas épargnés mais nous ne serions plus nous-mêmes.
Aleksander K : Quel a été, selon vous, l’effet au long terme des attentats sur la société française ? Les attentats nous ont-ils changés durablement ?
Oui, les attentats nous changent sûrement, nous font prendre conscience des dangers qui pèsent sur nous, mais des fractures aussi dans notre société. Dois-je rappeler que les terroristes du 13-Novembre étaient pour la plupart Français ?
Ils ont aussi un autre effet, c’est de laisser aux populistes l’argument qu’on ne peut plus vivre ensemble, que c’en est fini de la nation telle que nous l’avions connue. De ce point de vue, le terrorisme est un poison lent, il produit ses effets bien après les actes d’horreur qu’il génère.
Donc il faut lutter à la fois contre lui, l’islamisme, et contre tous ceux qui entretiennent l’idée que nous ne parlons plus le même langage et que nous ne partageons plus les mêmes valeurs. Je ne les mets pas en équivalence, mais l’un produit l’autre.
Léana : Pensez-vous qu’un autre attentat de cette ampleur est possible aujourd’hui ? J’ai parfois une pensée et une peur que ça se reproduise et qu’on revive les attentats de 2015 et 2016, mais j’imagine que les risques sont moindres…
En dix ans, le terrorisme islamiste a changé de méthode. Il n’est plus appuyé par une force extérieure, Daech, il n’est plus alimenté par un conflit particulier, mais il peut sévir d’une autre manière, plus insidieuse, avec des radicalisations rapides, des individus fanatisés, qui avec une arme létale mais banale comme un couteau ou un véhicule peuvent aussi créer de la sidération et du malheur.
Il faut agir sur la source même du terrorisme, ce qui l’entretient, ce qui le produit, ce qui l’instrumentalise, et agir aussi sur le plan éducatif. La grande affaire de la décennie qui vient, c’est l’école de la République, la confiance dans le progrès, la relation avec les institutions, le lien social. Voilà les grands sujets politiques pour 2027.
Amy et Nico : Suite aux attentats, est-ce qu’il y a eu une évolution marquante ou significative de la collaboration internationale antiterroriste, et notamment avec certains pays ?
Oui, la coordination des services de renseignements a progressé. Parlons franchement, il y a eu des failles dans les dispositifs de beaucoup de pays, notamment en Belgique. Mais depuis, l’échange d’informations, la surveillance, le suivi d’un certain nombre d’individus, l’identification des menaces, tout cela a évolué dans le bon sens.
Cependant, l’actualité fait qu’il y a d’autres périls, et que notre attention, celle des services, des Etats, est tournée vers l’influence de puissances étrangères sur les réseaux sociaux. Et l’instrumentalisation qui est permanente et qui instille la violence. Or, il ne faut jamais relâcher la vigilance sur le terrorisme islamiste, qui a pris d’autres formes.
Courage : Lors d’un entretien avec des journalistes, vous aviez indiqué que votre plus grand regret du quinquennat, c’était d’avoir initié le débat sur la déchéance de nationalité. Avec du recul, ne pensez-vous pas qu’un tel débat avait sa place et aurait peut-être dû déboucher sur un compromis ?
Après le 13-Novembre, je ne pouvais pas appeler à une manifestation comme le 11 janvier. Elle ne pouvait pas se tenir dans le contexte de menaces qui pesaient sur nous. Je me suis donc résolu à faire un discours à la nation après avoir consulté l’ensemble des forces politiques. C’est là qu’est venu le sujet de l’élargissement de la déchéance de nationalité, qui existe dans notre droit, pour les criminels terroristes binationaux nés en France. Elle pouvait avoir sa justification ; comment être membre de la communauté nationale quand on fait la guerre à son propre pays.
Elle n’avait aucun caractère dissuasif par rapport à l’acte terroriste lui-même, et elle n’intervenait qu’à la fin de la peine du condamné. Quand je l’ai annoncée, un consensus semblait se dégager, mais, assez vite, la question d’une distinction entre les Français selon leur double nationalité ou pas s’est posée, et le débat s’est enlisé au Parlement.
J’ai considéré que ce qui pouvait unir hier devenait un sujet de division, et donc devait être retiré. Une très grande majorité de Français y était favorable, mais il faut se méfier de législations décidées dans l’émotion.
Merci à l’équipe du Monde de nous avoir accueillis, et à vous tous de m’avoir questionné sur mon rôle, sur mes souvenirs, et sur les leçons que nous pouvons tirer dix ans après.
Je regrette de ne pas avoir pu répondre à toutes, mais je reviendrai, et Le Monde va me transmettre toutes les interpellations auxquelles je n’ai pas pu répondre.
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