A ce moment de la saison, dans le village de Sinjil, au nord-est de Ramallah, en pleine Cisjordanie occupée, l’odeur d’huile devrait être entêtante. Le vieux pressoir, fabriqué en Italie, devrait tourner à plein régime. Il est arrêté. Des agriculteurs palestiniens devraient défiler toute la journée dans le petit bâtiment en béton, livrant des sacs d’olives fraîchement récoltées, destinées à produire le liquide si précieux qui nourrit les corps et remplit les porte-monnaie. Personne ne vient, sauf une voiture dont le passager sort trois misérables sacs du coffre. Shaher Foqaha, le patron de la petite entreprise de fabrication d’huile, fait les comptes : au minimum, 80 % de production en moins depuis début octobre.
La météorologie n’a certes pas été favorable en 2025, faute de pluie suffisante. Mais l’explication est ailleurs et vaut pour l’ensemble des territoires occupés : les colons israéliens, protégés par l’armée, ont volontairement torpillé les récoltes, cette activité qui fait vivre plus de 100 000 personnes et représente, depuis toujours, un moment familial et festif dans la société palestinienne.
« Les récoltes ont été empêchées dans la moitié des terres, elles ont été rendues difficiles partout ailleurs », indique le patron de l’entreprise. Lui non plus n’a pas eu accès à ses terres. « Des colons sont venus nous demander de partir. Je leur ai demandé pourquoi, ils m’ont dit que c’était leur terre. Je leur ai dit non, que c’était à moi, que mon arrière-arrière-grand-père venait déjà récolter les olives ici depuis des générations », explique Shaher Foqaha.
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