Deux cent vingt-sept élèves et enseignants ont été enlevés dans une école catholique du centre du Nigeria, vendredi 21 novembre, a déclaré dans la soirée l’Association des chrétiens du Nigeria (CAN). « D’après nos informations, 215 élèves et étudiantes et 12 enseignants ont été enlevés par les terroristes » dans cette école située dans l’Etat du Niger, a déclaré la CAN dans un communiqué, à la suite à la visite à l’école du président de l’association pour l’Etat du Niger, Bulus Dauwa Yohanna.
Plus tôt dans la journée, les autorités locales avaient communiqué sur l’enlèvement, mais sans préciser le nombre de personnes concernées. Il s’agit du deuxième kidnapping de ce type en une semaine dans le pays, après le rapt de 25 lycéennes dans le Nord-Ouest.
Le diocèse de Kontagora, situé dans l’Etat du Niger, avait précisé dans un communiqué que des hommes armés avaient envahi « l’école entre 1 heure et 3 heures du matin », enlevant « des élèves, des étudiants, des enseignants et un agent de sécurité, qui a été tué ».
« Pendant l’attaque terroriste, certains étudiants ont réussi à s’échapper », a ajouté M. Yohanna dans le communiqué de la CAN. Les élèves kidnappés en pleine nuit sont des filles et des garçons, a précisé à l’Agence France-Presse (AFP), Daniel Atori, un porte-parole de la CAN, après avoir dans un premier temps déclaré qu’il s’agissait uniquement de filles. Les autorités de l’Etat du Niger n’ont pour l’instant pas communiqué de bilan.
En raison de l’insécurité grandissante dans la région, le gouvernement de l’Etat avait ordonné, par mesure de précaution, la fermeture temporaire de tous les internats de la zone concernée. L’établissement St. Mary a « repris ses activités académiques sans en informer le gouvernement de l’Etat ni [avoir] obtenu son autorisation, exposant ainsi les élèves et le personnel à un risque évitable », a regretté Abubakar Usman, secrétaire du gouvernement de l’Etat. La police a annoncé, vendredi, avoir déployé sur place ses unités tactiques et des éléments militaires, qui « ratissent les forêts » pour secourir les élèves enlevés.
Fermeture de nombreux établissements scolaires
Cette attaque survient quelques jours après le kidnapping, par des hommes armés, de 25 lycéennes dans l’internat pour filles de Maga, dans l’Etat de Kebbi (Nord-Ouest), dans la nuit de dimanche à lundi. Selon les autorités, l’une des jeunes filles est parvenue à s’échapper. Pour l’heure, l’identité des ravisseurs – groupes djihadistes ou bandes criminelles – demeure inconnue. Le président nigérian, Bola Tinubu, a récemment reporté ses déplacements internationaux et placé les forces de sécurité du pays en alerte maximale.
Les deux enlèvements, ainsi que l’attaque d’une église mardi à Eruku (Ouest), surviennent alors que le président américain, Donald Trump, menace d’intervenir militairement au Nigeria en raison d’allégations selon lesquelles les chrétiens du pays seraient massacrés. Cette rhétorique est poussée à Washington par des élus conservateurs ainsi que des associations de défense des chrétiens. Abuja s’en défend, mais affirme être en pourparlers avec le gouvernement américain au sujet d’une coopération en matière de sécurité, et précise que les attaques touchent les Nigérians quelle que soit leur religion.
L’attaque de l’église d’Eruku lors d’une messe retransmise en direct a fait deux morts, selon les autorités locales. D’après le secrétaire du lieu de culte, Michael Agbabiaka, les assaillants ont également enlevé « 35 personnes », un chiffre que la police n’a pas confirmé. A la suite de cette attaque, les autorités ont décidé de fermer les écoles dans les circonscriptions d’Ifelodun, Ekiti, Irepodun, Isin et Oke Ero, a déclaré jeudi à l’AFP Ibraheem Abdullateef, un porte-parole de l’Etat de Kwara.
Les autorités de l’Etat de Katsina, dans le nord du Nigeria, et celle de l’Etat de Plateau, dans le centre, ont annoncé vendredi la fermeture de tous leurs établissements scolaires primaires et secondaires. Le ministère de l’éducation nigérian a de son côté annoncé la fermeture de 47 lycées dits « unitaires » car gérés par le gouvernement fédéral dans le but d’y faire se côtoyer des élèves de différentes parties du pays. La plupart des établissements fermés se trouvent dans le Nord.
Le Nigeria est divisé entre un nord principalement musulman et un sud majoritairement chrétien. Des gangs criminels, appelés « bandits » par la population, sèment la terreur depuis des années dans le nord-ouest et le centre du pays, attaquant, enlevant des habitants contre des rançons et incendiant des maisons après les avoir pillées.
Le Nigeria est aussi confronté à une insurrection djihadiste depuis plus de seize ans, qui a fait 40 000 morts et plus de 2 millions de déplacés dans le nord du pays, selon les Nations unies.









