Verre à moitié plein ou verre à moitié vide ? Nous le savons tous, le monde est séparé en deux : les optimistes d’un côté, les pessimistes de l’autre. Sauf que cette frontière se déplace constamment. Car nous l’avons également tous éprouvé : côtoyer certains amis nous rend joyeux et optimistes, quand d’autres nous donnent le bourdon.
Cette contagion affective, les éthologues l’ont observée chez de nombreux animaux. Les singes, les dauphins, les rats ; plus récemment chez les corbeaux, les perroquets et même les poissons-zèbres. De quoi la supposer largement répandue chez les vertébrés. Dans un article publié dans la revue Science le 23 octobre, une équipe chinoise vient de montrer qu’il en était de même chez… le bourdon, justement, autrement dit un invertébré doté d’un cerveau de la taille d’une tête d’épingle.
Selon l’équipe de Fei Peng, à la Southern Medical University de Canton, il suffit de trente secondes de contact visuel avec un individu optimiste pour qu’un autre prenne la vie du bon côté. A cette dernière affirmation, tout lecteur doit instantanément se demander ce qu’est un bourdon optimiste et comment le sait-on. Pour cela, les chercheurs s’appuient sur une propriété baptisée « biais de jugement ». Les insectes sont préalablement conditionnés, à savoir qu’ils apprennent qu’en se posant sur une fleur artificielle bleue, ils trouveront un liquide sucré, et qu’en atterrissant sur une verte, ils devront se contenter d’un peu d’eau. (Précisons que le test ne marchera pas avec les fleurs rouges, car le bourdon ne voit pas cette longueur d’onde.) En huit essais, les bourdons comprennent. Mais que font-ils quand la fleur est bleu-vert ?
Il vous reste 61.99% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.











