Comment répondre aux défis des villes face à l’extrême pauvreté des familles ? Les habitants, la société civile et les élus locaux n’ont pas de prise sur les causes à l’origine de ces situations mais peuvent s’efforcer d’offrir des cadres de vie plus dignes aux adultes avec enfants. La crise de l’accueil qui sévit a souligné la nécessité pour les villes de développer des politiques d’ouverture. Et si ces nouvelles manières d’imaginer l’accueil servaient aussi à mieux penser l’espace urbain pour tous, à œuvrer pour une ville plus sociale et protectrice ?
En 2021, selon les données de l’Insee et l’Observatoire des inégalités, ce sont 1,5 million de mineurs qui vivaient dans un ménage pauvre, c’est-à-dire avec au mieux avec 1 800 euros par mois, toutes aides comprises, pour une famille avec deux jeunes enfants. D’après l’Unicef, ce sont cette année 2 159 enfants qui en France, ont dormi dans la rue à la veille de la rentrée scolaire.
Ces chiffres inquiétants ne doivent pas faire oublier qu’il s’agite avant tout de parcours individuels, qui sont autant de drames humains. Celui de l’enfant qui profite des trajets en autobus entre deux lieux d’hébergement pour dormir d’un terminus à l’autre, de celui qui ne parvient pas à mémoriser des leçons qu’il doit apprendre dans des accueils de jour bruyants, ou de ceux qui se voient privés de toute intimité – un problème qui devient particulièrement pesant à mesure que les enfants deviennent des adolescents.
La misère exerce une influence déterminante et souvent néfaste sur la construction des enfants. Grandir dans la rue, c’est se battre encore et encore à la recherche d’une place au sec sous un appentis, dans l’espoir incertain d’une orientation par le 115 vers un hôtel, c’est vivre baladé d’un lieu d’hébergement à l’autre, avec l’angoisse permanente du lendemain et des parents qui culpabilisent de ne pas pouvoir offrir une vie meilleure à leur progéniture. C’est être habité par la honte de sa pauvreté et de son existence, condamné à la frustration et à la privation.
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