« Ce qui est vrai pour la bactérie Escherichia coli est vrai pour l’éléphant. » Cet aphorisme du Prix Nobel 1965 Jacques Monod, qui découvrit l’universalité de la régulation des gènes, a longtemps semblé loin du quotidien des immunologistes. Quel lien pouvait-il y avoir entre l’immunité des humains, composés de milliards de cellules coopérant entre elles, et celle des procaryotes, des organismes à cellule unique sans noyau, comme les bactéries et les archées (ces êtres vivants résidant dans des milieux extrêmes comme le fond des océans ou des sources volcaniques) ?
Notre valeureux système immunitaire lutte corps et âme contre toutes sortes de pathogènes allant des virus aux bactéries, en passant par des eucaryotes unicellulaires comme Plasmodium ou le trypanosome, responsables respectivement du paludisme et de la maladie du sommeil. Et il combat admirablement ! Que de mécanismes complexes sont mis en œuvre : des cellules spécialisées comme les macrophages, qui mangent les intrus, des myriades de cellules qui communiquent entre elles, comme les lymphocytes T et B, ces derniers produisant les anticorps…
Bref, notre système immunitaire devrait présenter un fonctionnement radicalement différent de celui des bactéries et des archées qui luttent dans leur coin contre leurs ennemis de toujours, les phages. Eh bien, non. Il partage bien avec les procaryotes des éléments hérités au cours de l’évolution, pour certains depuis des milliards d’années. C’est l’immunité ancestrale, terme proposé en 2024 dans la revue Plos Biology par deux équipes de chercheurs à l’Institut Pasteur et à l’Institut Curie.
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