- Près de 6.000 personnes ont signé une pétition en ligne protestant contre la venue de la compétition cycliste sur un col de Sarenne, dans les Alpes.
- La 20ᵉ étape, entre Bourg d’Oisans et l’Alpe d’Huez, prévoit d’emprunter le 25 juillet 2026 ce secteur montagneux magnifique, particulièrement sensible pour la faune comme pour la flore.
L’étape reine du Tour de France 2026 (nouvelle fenêtre) est-elle menacée ? Une pétition en ligne (nouvelle fenêtre) s’oppose au passage au col de Sarenne (Isère) lors de la 20e étape de la compétition cycliste, le samedi 25 juillet. Ce jour-là, les coureurs doivent franchir plusieurs cols emblématiques, la Croix de Fer, le Télégraphe et le Galibier, avant d’entamer l’ascension des 13 kilomètres du col de Sarenne puis d’arriver 15 kilomètres plus tard à la célèbre station de ski de l’Alpe d’Huez (nouvelle fenêtre), déjà grimpée la veille par les coureurs, cette fois par son versant habituel, depuis Le Bourg-d’Oisans.
Sur le plan sportif, cette 20e et avant-dernière étape du Tour, la plus grosse étape de montagne lors de cette 113e édition, avec 5.600 mètres de dénivelé positif cumulé répartis le long des 171 kilomètres, s’annonce donc décisive. Par ailleurs, six jours avant le passage des cyclistes professionnels, le col de Sarenne sera emprunté par 16.000 cyclistes lors d’une course amateur, L’Étape du Tour.
« Les organisateurs du Tour de France 2026 veulent transformer le col de Sarenne en plus grand stade du monde »
, déplore dans cette pétition Matthieu Stelvio, initiateur de la pétition à ce stade signée par près de 6.000 personnes. « La nature n’est pas un stade »
, souligne-t-il. Le col de Sarenne, situé à 1.999 mètres d’altitude, est un endroit au décor idyllique. « La route menant au col de Sarenne est belle et sauvage. Fermée 8 mois sur 12, cette route est une route pastorale, destinée aux bergers. Le col de Sarenne est l’un de ces beaux et rares espaces où l’on peut encore respirer de l’air pur »
, estime Matthieu Stelvio, évoquant les conséquences sur la faune.
Des animaux sur la liste rouge des espèces menacées
« Le 25 juillet 2026, un très grand nombre de personnes devrait s’entasser dans la vallée du Ferrand, qui est habituellement peuplée de marmottes, de renards, de chamois, de circaètes, d’hermines ainsi que de fragiles tétras lyre »
, des oiseaux emblématiques de la chaîne alpine, constate l’initiateur de cette pétition. Ces « gallinacés emblématiques couvent au sol et les petits naissent en juillet, c’est-à-dire pendant
le Tour de France
«
, rappelle-t-il.
D’autres espèces peuplent ce secteur, comme les perdrix bartavelles, « qui couvent au sol et dont les petits naissent en juillet »
ou encore les lagopèdes, « reliques de l’époque glaciaire »
, qui couvent, eux aussi, au sol et dont les petits naissent en juillet. Le tétras lyre, le lagopède et la perdrix bartavelle sont trois gallinacés figurant sur la liste rouge des espèces menacées de l’Union internationale pour la conservation de la Nature (l’UICN), rappelle Matthieu Stelvio, qui se présente comme un « cycliste attaché aux grands espaces sauvages, un défenseur des bouquetins et des tétras lyre ». « Leur déclin est notamment lié à la surfréquentation humaine et au dérangement des nichées. En matière de lieu et de timing, difficile de trouver pire pour convier les foules »
, affirme-t-il.
Une flore rare et fragile sera piétinée par la foule, peut-être même écrasée par des centaines de véhicules, des centaines de tentes
Une flore rare et fragile sera piétinée par la foule, peut-être même écrasée par des centaines de véhicules, des centaines de tentes
Matthieu Stelvio, initiateur de la pétition contre le passage du Tour au col de Sarenne
Les conséquences seront aussi sur la flore. Selon un document Natura 2000, la vallée du Ferrand est l’une des « plus riches régions de France sur le plan botanique »
. « Et c’est une flore rare et fragile qui sera piétinée par la foule, peut-être même écrasée par des centaines de véhicules, des centaines de tentes »
. « La nature est plus importante que ce spectacle-business et les organisateurs du Tour de France se moquent de la nature »
, estime l’initiateur de cette pétition.
Matthieu Stelvio avait déjà initié en 2013 une précédente pétition contre le passage du Tour de France au col de Sarenne, par un autre versant. Elle avait alors récolté plus de 12.000 signatures. Des écologistes critiquaient déjà le passage à proximité d’une zone soumise à un arrêté préfectoral de protection de biotope et la menace potentielle sur l’habitat naturel d’un passage d’une épreuve aussi grande que le Tour de France.
Le parti politique Europe Écologie – les Verts avait dénoncé le « choix irresponsable »
des organisateurs du Tour de France d’emprunter le col de Sarenne lors de la 18e étape, estimant que cela allait « à l’encontre de la sécurité des coureurs »
et « de la protection d’un espace sauvage préservé »
. « Comme en 2013, la surfréquentation de Sarenne risque de durer plusieurs semaines, ce qui amplifiera le dérangement d’une faune précieuse et vulnérable »
, craint la pétition lancée en 2025.







