- Lors de l’examen du projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2026, le Sénat s’est massivement opposé, mardi, à la suspension de la réforme des retraites.
- Cette suspension était le fruit d’un compromis trouvé entre le gouvernement et les socialistes.
- La mesure pourra toutefois être rétablie par la suite par l’Assemblée nationale.
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Avec l’instabilité politique, la France aura-t-elle un budget 2026 ?
Une décision prévisible au terme de débats très animés. Le Sénat, dominé par la droite, a massivement rejeté ce mardi 25 novembre la suspension de la réforme des retraites lors de l’examen du projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2026. Par 190 voix contre 108, la chambre haute du Parlement a ainsi refusé ce décalage à janvier 2028 de la réforme « Borne » de 2023 portant l’âge légal de départ à 64 ans. L’Assemblée nationale avait, elle, adopté la suspension de cette réforme le 12 novembre dernier.
Un compromis impossible entre le Sénat et l’Assemblée nationale ?
Cette suspension de la réforme des retraites, inscrite dans l’article 45 bis du PFLSS, était la principale condition posée par les socialistes pour ne pas censurer les textes budgétaires du gouvernement. La mesure pourra toutefois être rétablie par l’Assemblée nationale par la suite, mais l’opposition du Sénat risque d’acter l’absence de compromis possible entre les deux chambres du Parlement sur le projet de loi de financement de la Sécu, à la veille d’une commission mixte paritaire (CMP) entre députés et sénateurs, qui devrait se solder par un échec.
« La suspension de la réforme des retraites, c’est le tribut payé par le gouvernement à la gauche pour durer »
, a martelé le président des Républicains, Bruno Retailleau, redevenu sénateur de Vendée, refusant de « reporter sur les générations futures le fardeau de l’endettement »
. « Penser un seul instant que nous pourrons maîtriser les déficits et la dépense publique quand on connaît le poids dans la dépense publique des dépenses de retraite est totalement illusoire »
, a-t-il ajouté. La sénatrice LR Pascale Gruny a qualifié cette mesure de « poudre de Perlimpinpin »
, craignant qu’elle ne vienne « sacrifier la jeunesse »
pour « sauver le gouvernement »
.
Un « matraquage méthodique, inique, cynique » pour le patron des sénateurs PS
Au cours de débats fermes, mais globalement respectueux, la gauche a multiplié les invectives en direction de la droite et des centristes, leur reprochant de « refuser le compromis »
par « idéologie »
. Le chef des sénateurs PS, Patrick Kanner, a dénoncé le « matraquage méthodique, inique, cynique »
par la droite « des quelques avancées qui avaient été obtenues à l’Assemblée nationale »
. Devant l’hémicycle, avant le vote, le président du groupe socialiste a assuré qu’en prévoyant de rétablir la réforme des retraites, la droite « assume pleinement de voler des années de vie à 3,5 millions de Français »
.
Par idéologie, la droite au Sénat vient de rétablir la réforme des #retraites de 2023. Elle assume donc pleinement de voler des années de vie à 3,5 millions de Français. Les Français sauront s’en souvenir #PLFSS2026 pic.twitter.com/lWuec4wnx7 — Patrick Kanner (@PatrickKanner) November 25, 2025
« Ce vote démontre que le Sénat ne cherche pas le compromis »
, a-t-il affirmé devant des journalistes. « J’espère que le Premier ministre trouvera les voies et moyens pour un compromis avant la deuxième lecture à l’Assemblée nationale »,
prévue la semaine prochaine.
Devant les sénateurs, le ministre du Travail, Jean-Pierre Farandou, a défendu la suspension de la réforme des retraites, « condition pour donner une stabilité politique et économique à notre pays »
. Après le vote, le ministre s’est adressé directement à la droite, l’invitant au « recul et (à) la réflexion »
. Les sénateurs voteront sur l’ensemble du budget de la Sécurité sociale mercredi. Outre la réforme des retraites, les élus ont par ailleurs adopté le rétablissement de l’article 44 du PLFSS, supprimé par l’Assemblée nationale le 12 novembre. Article qui vise à geler le montant des prestations sociales, dont les pensions de retraite. Les sénateurs ont néanmoins préservé les pensions inférieures à 1.400 euros par mois qui resteront indexées sur l’inflation.








