Le quatrième membre présumé du commando du casse du Louvre a été mis en examen, vendredi 28 novembre, a annoncé le parquet de Paris, et il est présenté à un juge des libertés et de la détention (JLD) à Paris. Ses avocates ont demandé un débat différé et l’audience se déroule à huis clos, selon un journaliste de l’Agence France-Presse (AFP) présent au tribunal judiciaire de Paris.
Le quatuor suspecté d’être à la manœuvre le 19 octobre est ainsi désormais entre les mains de la justice, ont fait savoir des sources proches du dossier à l’AFP.
Le dernier membre du commando recherché, originaire de Seine-Saint-Denis, a été arrêté mardi matin sur un chantier à Laval (Mayenne), selon une source proche. Il est âgé de 39 ans, a rapporté la procureure de la République de Paris, Laure Beccuau, dans un communiqué, en précisant qu’il avait été mis en examen par les juges d’instruction de la juridiction interrégionale spécialisée (JIRS) pour vol en bande organisée (crime faisant encourir quinze ans de réclusion) et association de malfaiteurs en vue de la préparation d’un crime (délit faisant encourir dix ans d’emprisonnement), en récidive, car il a déjà été condamné pour proxénétisme aggravé en 2023.
« Déjà condamné à six reprises, cet homme était connu de la justice pour des infractions de natures diverses, comme proxénétisme, conduit sans permis et recel de vol, délit pour lequel il avait été condamné à deux mois d’emprisonnement avec sursis en 2010 », a expliqué Mme Beccuau.
Gardes à vue levées pour trois personnes
Les gardes à vue de trois autres personnes interpellées en Mayenne mardi ont été levées, ont précisé les sources proches du dossier. Avant ce dernier coup de filet, les enquêteurs de la brigade de répression du banditisme (BRB) de la police judiciaire parisienne ainsi que ceux de l’Office central de lutte contre le trafic des biens culturels (OCBC) avaient pu interpeller, en deux mouvements, trois des quatre membres présumés de l’équipe de cambrioleurs. Ils ont été mis en examen pour vol en bande organisée et association de malfaiteurs.
Parmi les suspects déjà sous les verrous, trois hommes âgés de 35, 37 et 39 ans sont suspectés d’avoir fait partie de l’équipe de quatre malfaiteurs, dont deux ont pénétré le 19 octobre dans la galerie d’Apollon tandis que les deux autres étaient restés à l’extérieur, avant de prendre la fuite tous ensemble.
Une quatrième personne, une femme de 38 ans, compagne de l’un des suspects, est soupçonnée de complicité, mais a pu obtenir sa libération sous contrôle judiciaire. Les malfaiteurs avaient agi en plein jour, encagoulés, munis d’un monte-charge de déménageurs et armés de disqueuses. Leur casse, retentissant, n’a duré que huit minutes.
Deux d’entre eux ont laissé des traces ADN derrière eux sur l’un des scooters ayant servi à la fuite, sur l’une des vitrines fracturées et sur des objets abandonnés au Louvre. L’ADN du couple a été retrouvé dans la nacelle du monte-charge utilisé. Les profils de ces malfaiteurs ne correspondent pas à ceux « que, généralement, on associe au haut du spectre de la criminalité organisée », avait fait savoir la procureure de la République de Paris, Laure Beccuau.
Deux d’entre eux, habitants d’Aubervilliers (Seine-Saint-Denis), étaient pour l’un sans activité, après avoir été livreur ou ripeur (ramassage d’ordures), pour l’autre chauffeur de taxi clandestin, connu pour des vols aggravés. L’homme du couple, lui, a un casier chargé de onze condamnations, dont une dizaine pour des vols.
Vétusté alarmante
Un mois après le casse spectaculaire, les bijoux, estimés à 88 millions d’euros, sont toujours dans la nature. Tout comme les commanditaires. Parallèlement à l’enquête judiciaire, la controverse ne faiblit pas sur la sécurité du Louvre. Selon les informations du Monde, un audit de sûreté faisait état dès 2018 de la « vulnérabilité » que représentait le balcon par lequel sont entrés les cambrioleurs et notait son accès possible à l’aide d’une nacelle, des similitudes troublantes avec le mode opératoire utilisé. La direction actuelle a déclaré au Monde n’avoir eu ce document en sa possession qu’après le casse.
Début novembre, la Cour des comptes avait estimé que le musée le plus visité au monde avait « privilégié les opérations visibles et attractives » au détriment de la sécurité. La directrice du Louvre, Laurence des Cars, a annoncé la semaine dernière l’installation prochaine d’un « poste avancé mobile de la police nationale » pour protéger le musée pendant les périodes d’affluence touristique.
Confronté à une vétusté alarmante, le Louvre avait fait l’objet en début d’année de l’annonce par le président Emmanuel Macron d’un projet « colossal » pour le désengorger et le moderniser, avec un nouvel accès, une salle consacrée à la Joconde et des billets d’entrée plus chers pour les non-Européens. Le Louvre a acté jeudi une augmentation de 45 % du prix d’entrée pour ces derniers.









