Deux Irakiens et un Soudanais ont été condamnés, vendredi 5 décembre, à des peines de prison ferme, à Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais), pour leur rôle dans l’organisation d’une traversée clandestine vers l’Angleterre qui s’est soldée par la mort de trois personnes, en novembre 2023.
L’un des Irakiens a été condamné à sept ans de prison et le second, à cinq ans, conformément aux réquisitions du parquet. Les deux hommes, âgés respectivement de 32 et 46 ans, ont été jugés coupables d’avoir organisé le départ d’une soixantaine de personnes à bord d’un canot pneumatique gonflable surchargé et percé. Durant leur procès, ils ont nié être des passeurs.
L’exploitation de leurs téléphones par les enquêteurs a cependant permis de retrouver plusieurs éléments compromettants, notamment des vidéos montrant des personnes présentées comme leurs « clients », des captures d’écran de météo marine et des conversations à propos de départs d’embarcations.
Le troisième prévenu, un Soudanais de 27 ans, a été condamné à deux ans et demi de prison, soit six mois de moins que les réquisitions du ministère public. Il a reconnu avoir barré l’embarcation, assurant qu’il était lui-même un candidat à l’exil et rescapé du naufrage.
« Criminalisation de l’exil »
Comme il n’avait pas les moyens de payer le tarif de 1 500 euros pour la traversée, les passeurs lui ont demandé s’il pouvait « donner un coup de main » et il a accepté pour ne payer que 500 euros, a-t-il expliqué à la barre.
Les trois hommes étaient jugés notamment pour homicide involontaire et mise en danger d’autrui. La procureure avait requis trois ans de prison pour le Soudanais, estimant que, même s’il n’était pas un passeur, il avait, comme les deux Irakiens, « connaissance du caractère dangereux de l’opération et de l’état misérable » de l’embarcation. Son avocat, Antoine Chaudey, a dénoncé dans sa plaidoirie une « confusion des rôles », entre barreurs et passeurs, et une « insupportable criminalisation de l’exil ».
Pendant ses réquisitions, la procureure a fait projeter à l’audience des photographies des trois personnes – deux Ethiopiens et un Erythréen – mortes dans le naufrage du 22 novembre 2023. L’embarcation avait chaviré peu après son départ, près d’Equihen-Plage, dans le Pas-de-Calais. Les rescapés ont expliqué avoir été pris en charge et conduits sur la plage, où ils ont constaté que le bateau était endommagé. Une fois en mer, il s’est très vite dégonflé et il n’y avait pas suffisamment de gilets de sauvetage.
Un mandat d’arrêt international a été transmis aux autorités britanniques concernant un autre suspect en fuite.









