- Une « crise sismique » a été enregistrée au Piton de la Fournaise dans la nuit de vendredi à samedi.
- Cette dernière s’est depuis arrêtée mais la sismicité reste élevée et une éruption reste probable.
- La directrice de l’Observatoire volcanologique du Piton de la Fournaise nous en dit plus sur les différents scénarios possibles.
Le Piton de la Fournaise, volcan de La Réunion, va-t-il entrer en éruption après deux ans et demi de repos ? Il est tout cas surveillé de près après une « crise sismique » enregistrée dans la nuit de vendredi à samedi ayant entraîné le déclenchement par la préfecture de la phase d’alerte 1 du plan ORSEC Volcan, correspondant à une éruption probable ou imminente.
La crise sismique est désormais considérée comme arrêtée depuis 3h du matin, mais la sismicité reste élevée et une éruption reste probable. Caractéristiques de l’épisode, scénarios sur la table, conséquences pour la population… Aline Peltier, directrice de l’Observatoire volcanologique du Piton de la Fournaise, livre son éclairage à TF1info.
🌋 Piton de la Fournaise – Point de situation 👉Pas d’éruption cette nuit. 👉Crise sismique fortement ralenti, voire à l’arrêt 👉Aucune hypothèse écartée 👉Mesures conservatoires activées 👉Enclos toujours fermé au public. 👉RN2 ouverte à la circulation. pic.twitter.com/Idu2qyzhOi — Préfet de La Réunion (@Prefet974) December 6, 2025
Quelles sont les caractéristiques de la « crise sismique » enregistrée la nuit dernière ? Était-elle prévisible ?
Oui, c’était attendu puisque, depuis le 26 novembre, on enregistrait une augmentation de la sismicité, ce qui montrait qu’on avait une pressurisation du réservoir de magma et c’était accompagné d’un gonflement du volcan. On savait donc qu’une injection de magma était possible et ce processus peut prendre plusieurs jours ou plusieurs semaines. Mais tout s’est accéléré hier avec cette « crise sismique », c’est-à-dire que le haut du réservoir se fragilise, se rompt et le magma commence à se propager à la surface. Pendant environ une heure, on a pu voir une migration de magma vers le haut, et la pression s’est finalement arrêtée en route, un peu comme une éruption avortée. Par contre, quand ça s’est arrêté hier, il y avait toujours ces séismes et cette pressurisation du réservoir, comme lorsqu’il se mettait en pression ces derniers jours à faire craquer la roche aux alentours, même si ça ne prend plus la forme de crise. Et on enregistre toujours ce gonflement du volcan.
Avant d’arriver en surface, le magma se propage latéralement, or, sur ce point on en sait plus au tout dernier moment.
Avant d’arriver en surface, le magma se propage latéralement, or, sur ce point on en sait plus au tout dernier moment.
Aline Peltier, directrice de l’Observatoire volcanologique du Piton de la Fournaise
À quoi peut-on désormais s’attendre dans les prochains jours ?
Pour l’instant, on suit ça de près, et on exclut aucune hypothèse, il y en a trois plus exactement. Soit ça s’arrête là, soit l’injection de magma entamée vendredi reprend, en poussant par en dessous, c’est-à-dire qu’elle peut continuer sa propagation après avoir déjà poussé sur plusieurs centaines de mètres. Dernière hypothèse, une nouvelle injection se produit, c’est-à-dire un nouveau départ de magma à partir d’une nouvelle trajectoire.
Ce que l’on peut dire, c’est que ce n’est pas rare d’avoir une première phase d’alerte et quelques jours après, ça reprend, pour avoir une éruption. On parle de manière statistique, ça peut aussi ne rien donner. Il faut également rappeler que l’on sort d’une période de repos exceptionnellement longue pour le Piton de la Fournaise, deux ans et demi. Or, pour déclencher l’éruption, il faut qu’il y ait une pression suffisante, et peut-être qu’hier cette pression n’était pas suffisante pour déclencher l’éruption en une seule fois. Donc pour le moment, on observe que ça semble reprendre de manière assez classique, sans grosses surprises.
Qu’en est-il dans cet entre-deux pour la population ?
Le préfet a décidé du passage en alerte 1 et de ce fait, il s’agit pour la population de suivre les consignes de sécurité. Même si pour l’heure, ce que l’on enregistre reste concentré au niveau de la zone sommitale. Ces phases d’alerte 1 peuvent durer plusieurs jours le temps de voir si la situation se calme ou si on tend vraiment vers une éruption.
Pour autant, l’alerte 1 et la fermeture temporaire sont justifiées, car le réservoir, lui, est situé sous le sommet directement. Mais avant d’arriver en surface, le magma se propage latéralement, or, sur ce point on en sait plus au tout dernier moment.










