La « guerre des ballons » continue entre les deux Corées. Pyongyang a de nouveau envoyé, dimanche 9 juin, des centaines de ballons lestés d’ordures de l’autre côté de la frontière avec la Corée du Sud, comme elle le fait depuis plusieurs semaines.
« Le dernier lot de ballons chargés d’ordures envoyé dimanche contenait des déchets de papier et de plastique, sans qu’aucune matière toxique n’ait été détectée jusqu’à présent », a dit l’état-major interarmées sud-coréen, selon l’agence Yonhap.
La sœur du leader nord-coréen Kim Jong-un et principale porte-parole du gouvernement, Kim Yo-jong, a averti que la Corée du Sud « souffrirait une humiliation amère en ramassant sans cesse des déchets de papier et que ce serait une tâche quotidienne », dans un communiqué publié tôt lundi matin.
Excréments d’animaux
Pyongyang a envoyé ces dernières semaines des centaines de ballons lestés de déchets tels que des mégots de cigarettes, du papier hygiénique usagé et jusqu’à des excréments d’animaux, vers son voisin du Sud, dans ce qu’il décrit comme une réponse à la diffusion de propagande, notamment par le biais de tracts ou de clés USB, contre le régime nord-coréen par des militants sud-coréens.
Elle a qualifié l’envoi de ces tracts de « guerre psychologique » et a menacé Séoul de représailles. Si ce dernier « procède simultanément à la dispersion de tracts et à la diffusion par haut-parleurs de provocations au-delà de la frontière, il sera sans aucun doute témoin de la nouvelle riposte » du Nord, a-t-elle dit, d’après l’agence de presse officielle KCNA.
Les déclarations de Kim Yo-jong montrent que « la Corée du Nord hausse le ton pour rejeter la responsabilité de la situation actuelle sur la Corée du Sud et pour justifier ses provocations », a expliqué à l’Agence France-Presse Kim Dong-yub, professeur à l’université d’études nord-coréennes de Séoul.
Il est probable que l’escalade se poursuive et que « la Corée du Nord fasse quelque chose qui dépasse notre imagination », a-t-il suggéré. Les Nord-Coréens pourraient faire « quelque chose de créatif comme lancer de la farine, provoquant une panique absolue au Sud, ce qui les réjouirait », a-t-il dit, un tel acte pouvant susciter la crainte d’une attaque biologique en Corée du Sud.
Risque d’affrontements militaires
Les lancers de ballons des deux côtés de la frontière ont commencé quand des militants du Sud, dont des transfuges nord-coréens, ont envoyé vers leurs voisins des dizaines de ballons contenant de la propagande contre le régime de Kim Jong-un et des clés USB contenant de la K-pop. En réponse, Pyongyang a envoyé plus d’un millier de ballons, dont certains contenant des sacs d’immondices, ce qui, selon Séoul, viole l’accord d’armistice qui a mis fin aux hostilités de la guerre de Corée (1950-1953).
Les relations entre les deux Corées sont très dégradées. Des analystes avertissent que cette escalade pourrait conduire à de véritables affrontements militaires. En 2018, au cours d’une accalmie dans les relations, les dirigeants des deux pays s’étaient mis d’accord pour « cesser complètement tous les actes hostiles », y compris les envois de tracts et la diffusion de propagande. Mais Séoul a annoncé le 3 juin la suspension de l’intégralité de cet accord et a relancé sa campagne par haut-parleurs pour la première fois depuis 2016.
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Le Parlement sud-coréen avait tenté de bloquer l’action des militants en votant en 2020 une loi qui punit l’envoi de tracts vers le Nord, mais les militants n’ont pas cessé et la loi a été invalidée par la Cour constitutionnelle l’année dernière au motif qu’elle limitait indûment la liberté d’expression.