A Roissy-en-France (Val-d’Oise), à l’écart des pistes de l’aéroport Paris – Charles-de-Gaulle, ce lundi 17 juin, l’immense hangar baptisé « Airbus » paraît presque trop bas de plafond pour accueillir l’A350 d’Air France. L’empennage bleu, blanc, rouge du gros-porteur long-courrier semble presque toucher la charpente du bâtiment cathédrale. Autour de la demi-douzaine d’appareils de tous types, du modeste A220 à l’énorme A350, en passant par l’A321 et l’A330, s’affairent, au rythme d’un ballet parfaitement réglé, les équipes de la maintenance d’Air France-KLM.
Anne Brachet, directrice générale de la maintenance d’Air France-KLM, numéro deux mondial pour cette activité juste derrière Lufthansa, défend ses troupes. Les incidents qui ont affecté des avions de la compagnie, ces dernières semaines, comme ces « odeurs de chaud ressenties en cabine », dans deux avions, ou l’atterrissage d’urgence, dimanche 9 juin, d’un Boeing 777-300 ER d’Air France qui s’est posé à Istanbul, en Turquie, à cause d’un problème moteur, « ne sont pas dus à une mauvaise maintenance ». A l’en croire, « la maintenance répare les problèmes. Elle ne les crée pas ».
Plus que ces rares points noirs, ce sont les ratés de la chaîne de sous-traitants qui la préoccupent. Selon Mme Brachet, la « principale difficulté, ce sont les ressources », c’est-à-dire la gestion des effectifs et l’approvisionnement en pièces détachées. Plutôt que d’invoquer la guerre en Ukraine, la patronne de la maintenance souligne « l’hyperoptimisation de la chaîne d’approvisionnement » dans toute l’industrie. La « production en flux tendu avec un seul fournisseur » qui n’a pas résisté à la pandémie de Covid-19.
Un chiffre d’affaires de 4 milliards d’euros
De plus, dénonce-t-elle, « le Covid a été l’occasion d’une réduction drastique des effectifs », dont le secteur aéronautique ne s’est pas encore remis. Comme « la reprise a été extrêmement rapide, avec beaucoup de commandes d’avions et des contraintes sur les matières premières », les retards de livraisons, des appareils comme des pièces détachées, se sont accumulés.
Il y aura d’abord « une amélioration en 2025, avant un retour à la normale en 2026 », estime Mme Brachet. Si tout se passe bien, tempère-t-elle, car « plus le temps passe et plus les industriels repoussent » le moment ou tout rentrera dans l’ordre.
Il n’empêche, les retards de livraisons pèsent sur les résultats de l’activité maintenance de la compagnie franco-néerlandaise. En 2023, elle a réalisé 4 milliards d’euros de chiffre d’affaires. Mais, avec seulement « 1,8 milliard [d’euros] réalisé en externe », c’est-à-dire auprès de clients autres qu’Air France et KLM, la maintenance n’a toujours pas retrouvé les 2 milliards d’euros de chiffre d’affaires enregistrés en 2019, la dernière année avant le Covid-19.
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