FRANCE.TV – À LA DEMANDE – DOCUMENTAIRE
Le corps des femmes se débat depuis toujours entre normes imposées et libertés individuelles. Devant la caméra de Delphine Dhilly, trois générations de femmes, âgées de 12 à 80 ans, racontent leur rapport au corps, façonné, contraint, souvent maltraité par les injonctions de leur époque. Toutes disent que leur corps a toujours été au centre de discussions, que ce soit pour les règles, les seins, la prise ou la perte de poids, les grossesses, la ménopause, le vieillissement. Contraint par une myriade de stéréotypes solidement ancrés dont il leur est aussi difficile de s’affranchir que de s’y conformer.
A la puberté, le corps change, les garçons le remarquent et certains se moquent, ils essayent parfois d’en tirer avantage, racontent plusieurs participantes. « J’aurais préféré que mon corps reste comme avant, mais je ne peux rien y faire », se désole Nora, à peine âgée de 12 ans et déjà préoccupée par l’image d’elle-même qu’elle renvoie. C’est l’âge des complexes. « Que mon corps change, je ne le voyais pas du tout comme un atout », affirme ainsi Alex, 40 ans, se remémorant sa jeunesse, sa décision d’arrêter le basket et d’opter pour la musique afin de pouvoir dissimuler sa poitrine derrière une guitare. D’autant que cette entrée dans l’âge adulte induit un changement dans le comportement, les habitudes des femmes, qui sont alors trop souvent considérées « comme des putes », déplore-t-elle.
Attentes de la société
Luna et Laurence, âgées respectivement de 24 et 52 ans, parlent des attentes de la société par rapport au poids, et des troubles du comportement alimentaire, qui peuvent aller jusqu’à l’anorexie ou la boulimie. Nombre de femmes ont peur de ne pas coller aux stéréotypes imposés hier par la mode et la publicité, aujourd’hui aussi par les réseaux sociaux ; la crainte que les hommes les regardent moins. « C’est une lutte, une honte d’être grosse », déclare Laurence.
Autre moment de basculement : l’apparition des règles, à l’entrée dans l’adolescence. « C’est une épée de Damoclès continuelle au-dessus de notre tête », raconte Marie-Hélène, 72 ans. Avoir ses règles signifie qu’on est en âge de procréer, mais aussi qu’on est responsable de son corps, ce qui paraît prématuré pour une jeune fille âgée de 12 à 14 ans. « A partir de maintenant, tu peux tomber enceinte, nous prévient-on. (…) C’est une responsabilité qui nous incombe d’un coup alors qu’on est encore des gamines », soupire Nanette, 49 ans. Les règles ou la ménopause, on ne décide pas de les avoir ni quand les avoir. Une femme les subit. La seule chose à faire est d’accepter, de vivre avec, avant même d’en comprendre les conséquences.
Certaines affirment être détachées des injonctions de la société et s’assumer telles qu’elles sont, sans se préoccuper du regard des autres. « Je suis belle parce que j’ai envie d’être belle, et celui qui n’est pas content, c’est parce qu’il a des insécurités », tranche Lise-Leïla, 27 ans, dont le témoignage conclut ce reportage.
Un corps de femme, de Delphine Dhilly (Fr., 2024, 54 min). Disponible à la demande sur France.tv jusqu’au 29 novembre.