Un comité de l’ONU s’est dit, vendredi 23 août, préoccupé par les « violences racistes » au Royaume-Uni, illustrées par les récentes émeutes d’extrême droite, appelant les autorités à agir à travers notamment des « sanctions sévères ». Le Comité pour l’élimination de la discrimination raciale (CERD), qui est composé de dix-huit experts indépendants, a examiné les 13 et 14 août la situation au Royaume-Uni dans le cadre d’un examen régulier.
Dans ses conclusions publiées vendredi, le comité se dit « particulièrement préoccupé par les actes et les violences racistes récurrentes contre les minorités ethniques et ethno-religieuses, les migrants, les réfugiés et les demandeurs d’asile commis par des individus et des groupes suprémacistes blancs et d’extrême droite, y compris les actes violents commis à la fin du mois de juillet et au début du mois d’août ».
Les émeutes, les plus graves au Royaume-Uni depuis 2011, ont touché des dizaines de villes et villages d’Angleterre et d’Irlande du Nord, à la suite de l’attaque au couteau qui a coûté la vie à trois fillettes le 29 juillet. Des rumeurs sur le suspect, présenté de manière erronée comme un demandeur d’asile musulman, ont été diffusées par d’influents comptes d’extrême droite sur les réseaux sociaux, conduisant à cette explosion de violence xénophobe et raciste dans la rue dès le lendemain de l’attaque.
« Persistance des crimes de haine »
De nombreuses personnes ont également été arrêtées pour des publications haineuses en ligne. Plus de 1 000 personnes liées à ces émeutes ont été arrêtées selon la police. Plus généralement, le CERD se déclare préoccupé par « la persistance des crimes de haine, des discours de haine et des incidents xénophobes sur diverses plates-formes ainsi qu’émanant de politiciens et de personnalités publiques » au Royaume-Uni.
Le comité, chargé de surveiller l’application par les Etats parties de la Convention internationale sur l’élimination de toutes les formes de discrimination raciale, appelle le Royaume-Uni « à l’action » en mettant en œuvre des mesures visant à « réduire les discours de haine raciste et la rhétorique xénophobe ».
Il souligne aussi la nécessité « d’enquêtes approfondies et de sanctions sévères » face aux crimes racistes. Le comité évoque par ailleurs ses « préoccupations concernant le racisme institutionnel au sein de la police et du système de justice pénale » et critique certaines pratiques policières, notamment lors des interpellations et des fouilles, qui visent plus particulièrement les minorités ethniques. Il s’est également alarmé du fait que l’usage excessif de la force par les forces de l’ordre touche « de manière disproportionnée les personnes d’ascendance africaine et les autres minorités ethniques ».