Les adolescents en situation de précarité ont un risque 1,6 fois plus élevé d’être eux-mêmes précaires et en difficulté à l’âge adulte que les autres adolescents (« La vie devant soi : adolescence précaire, avenir incertain ? », France Stratégie, note d’analyse no 142, 22 juillet 2024).
La même étude montre que l’explication de ce phénomène résulte moins de la précarité monétaire que du parcours scolaire et du cadre qui favorise ou non la capacité à apprendre, à suivre des études et à se former. Vivre dans une famille monoparentale notamment (femmes seules le plus souvent) accentue la difficulté, en particulier pour les adolescentes qui seraient enclines à reproduire les schémas familiaux.
Certains diront que l’on n’a pas attendu l’étude de France Stratégie pour savoir qu’un environnement favorisant l’éducation et l’apprentissage est plus déterminant pour l’avenir des jeunes que le seul porte-monnaie. Pourtant, depuis des décennies, les revendications politiques (en particulier de gauche, mais pas seulement) portent encore et toujours sur des demandes d’augmentation des aides financières. Et les politiques publiques continuent encore et toujours de ne raisonner qu’en termes monétaires sans jamais se poser la question des raisons pour lesquelles, depuis un demi-siècle, la hausse constante des aides financières n’est jamais parvenue à enrayer la hausse ininterrompue de la précarité, de la pauvreté, de l’exclusion de l’emploi et de la société.
Au fond, l’étude de France Stratégie apporte une contribution formelle, publique et étayée à ce que l’immense majorité des acteurs de terrain – éducateurs, travailleurs sociaux, entreprises d’insertion, bénévoles, etc. – vit au quotidien : la clé de l’intégration, de l’insertion et de la réussite repose d’abord sur l’accompagnement humain, et ce dans la durée.
Cas par cas
Or, le défi d’un tel accompagnement n’est pas impossible à relever. Chaque année, sur une génération de 700 000 à 800 000 jeunes, ce sont 8 % à 10 % qui, en difficulté, sortent trop tôt de l’école. Nous sommes aujourd’hui soixante-huit millions de Français. La tranche 5-14 ans, cruciale dans le parcours d’apprentissage, représente 7,5 millions de jeunes. Parmi eux, 8 % à 10 % sont en difficulté (alors que le taux de pauvreté est estimé à 14,5 %), soit environ 700 000.
On le sait, l’éducation nationale ne peut pas tout faire. Les enseignants gèrent des groupes et ne peuvent pas faire du cas par cas.
En outre, ils sont rattrapés par les problèmes de société, qu’ils gèrent comme ils le peuvent à l’école, parfois contraints de prioriser l’éducation et l’apprentissage du civisme au détriment de la transmission des savoirs.
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