Au Mexique, l’Institut national électoral a défini, vendredi 23 août, la répartition finale des sièges dans le prochain Parlement, et a confirmé que la gauche au pouvoir disposerait d’une large majorité.
La coalition du très populaire président sortant, Andrés Manuel López Obrador, disposera ainsi de 364 députés sur 500 sièges pour les trois prochaines années, soit plus que la majorité des deux-tiers nécessaires pour modifier la Constitution. Au Sénat, le Mouvement pour la régénération nationale (Morena) et ses alliés disposeront de 83 sièges sur 128, à trois voix de la majorité des deux-tiers nécessaire pour les réformes constitutionnelles. Trois voix que le parti au pouvoir pourrait facilement obtenir, d’après des analystes.
Avec cette majorité qualifiée, Morena et ses alliés peuvent faire adopter les vingt-trois réformes constitutionnelles que le président sortant laisse en héritage à la future présidente Claudia Sheinbaum, qui prendra ses fonctions le 1er octobre après sa large victoire à l’élection du 2 juin. Parmi ces réformes figure un projet de refonte du pouvoir judiciaire qui prévoit l’élection directe des juges, au nom de la lutte contre la corruption et les privilèges.
Un parti « surreprésenté », selon des analystes
Les Etats-Unis, par la voix de leur ambassade à Mexico, ont estimé que cette réforme menaçait la relation commerciale bilatérale et la confiance des investisseurs dans le cadre légal mexicain, et représentait un risque pour la démocratie au Mexique. Cette réforme pourrait « faciliter l’influence des cartels et d’acteurs malveillants sur des juges sans expertise », a ajouté jeudi l’ambassadeur américain Ken Salazar lors d’une conférence de presse.
Le Canada a également estimé qu’il y a des « préoccupations » parmi ses investisseurs au Mexique. Les trois pays sont liés par un traité de libre-échange.
Le parti de M. López Obrador a très largement remporté les élections présidentielle, législatives, sénatoriales et locales du 2 juin. A la présidentielle, Claudia Sheinbaum a obtenu près de 60 % des voix. Le nouveau Parlement entrera en fonction le 1er septembre.
Au Mexique, 300 députés sur 500 et 96 sénateurs sur 128 sont élus directement. Les autres sont désignés selon le résultat de chaque parti. Des analystes et des opposants estiment que le parti au pouvoir est « surreprésenté ». Ils rappellent que Morena et ses alliés ont obtenu 54 % des voix aux législatives, mais obtiennent 73 % des sièges.
Les partis pourront saisir le Tribunal fédéral électoral contre la décision de l’INE publiée vendredi, avant le 28 août.