Que ce soit Aya Nakamura chantant avec la garde républicaine sur le pont des Arts lors de la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques, vendredi 26 juillet, la finale des 200 m papillon et 200 m brasse de Léon Marchand ou encore la demi-finale de volley-ball de l’équipe de France contre l’Italie mercredi 7 août… A chaque fois, le public vibre à l’unisson. Dans un stade qui retient son souffle ou devant son écran de télévision, souvent à plusieurs, l’émotion est palpable, jusqu’à avoir dans certains cas de véritables frissons. Certes, tout le monde n’a pas forcément la « chair de poule », mais comment explique-t-on ce phénomène ?
Il faut d’abord distinguer ces frissons dits émotionnels, dus au plaisir ou à la peur, de ceux déclenchés par une différence de température. Mais, à l’heure actuelle, il existe peu de travaux de recherche sur ce sujet. Ces frissons sont une forte réponse émotionnelle à des stimuli spécifiques tels qu’un concert, un film, un grand plaisir, ou un événement sportif. Une revue d’études de 2024 note des corrélations cérébrales entre ces frissons dits psychologiques et le circuit de la récompense.
« On connaît peu de choses sur ce qui déclenche les frissons émotionnels sauf qu’ils combinent l’activation du circuit de la récompense et de la réponse hormonale au stress », souligne François Tronche, directeur de recherche en neurosciences à l’Institut de biologie Paris Seine.
Frissons ou pas, que se passe-t-il dans notre cerveau lorsqu’on regarde nos championnes et nos champions ? Les zones du cerveau impliquées dans le plaisir et la récompense vont produire de la dopamine. Parallèlement, les glandes surrénales (proches du rein) libèrent de l’adrénaline et de la noradrénaline, conduisant à une augmentation de la pression sanguine (battements de cœur), la piloérection chez certains, la transpiration chez d’autres. Ces glandes libèrent aussi du cortisol – l’hormone de réponse au stress. « On va avoir des shots de dopamine quand on voit les Français approcher de la ligne d’arrivée ou proches de la victoire », affirme Sylvain Laborde, maître de conférences en psychologie du sport à l’Université allemande du sport de Cologne (Rhénanie-Westphalie).
Amplificateur social des émotions
Plus largement, « l’émotion provoque une cascade neuro-endocrinienne complexe. Le système nerveux autonome – qui régule certains processus physiologiques, comme la tension artérielle et le rythme de respiration – réagit à des stimuli qui se traduisent par diverses sécrétions hormonales… », résume le cardiologue Alexandre Bensaid. Dans le même temps, l’hypothalamus et l’hypophyse sécrètent des endorphines, drogues naturelles produites par le corps qui produisent du bien-être.
Il vous reste 47.59% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.