Une grosse centaine de spectateurs s’assemble au bord du stade d’athlétisme de Stoke Mandeville, au Royaume-Uni, vêtus de ponchos transparents tandis que des volontaires essuient leurs sièges détrempés face à l’estrade où trône le chaudron olympique. Il y a là des habitants du lieu, des officiels et des patients venus de l’hôpital tout proche, en chaise roulante ou minerve autour du cou. On plaisante sur la météo – très maussade, ce samedi 24 août –, presque aussi pluvieuse que lors de la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques (JO) de Paris 2024, le 26 juillet.
La célébration de l’allumage de la flamme paralympique peut commencer. A quatre jours de l’ouverture des Jeux paralympiques (JP) – qui se déroulent du 28 août au 8 septembre –, 17es du genre et premiers à se dérouler en France, elle s’est tenue très symboliquement là où la plus prestigieuse compétition d’athlètes handicapés au monde a vu le jour.
Le 29 juillet 1948, jour de l’ouverture des JO de Londres, un premier évènement sportif était organisé à Stoke Mandeville, un gros bourg du Buckinghamshire (au nord-ouest de la capitale britannique), à l’initiative du docteur Ludwig Guttmann, un neurochirurgien exerçant à l’hôpital de la ville.
La compétition opposait seize athlètes handicapés, dont deux femmes, des patients de l’hôpital de Stoke Mandeville et d’un autre établissement, à Richmond, dans la banlieue de Londres. Tous étaient des vétérans de l’armée britannique et se mesuraient à la seule épreuve au programme : le tir à l’arc.
« Le docteur Guttmann était un chirurgien exceptionnel, un visionnaire. Il était juif allemand, avait trouvé refuge au Royaume-Uni en 1939. Le gouvernement britannique de l’époque a eu connaissance de ses compétences et lui a proposé de prendre la direction de la première unité de traumatisés de la moelle épinière, à Stoke Mandeville, en 1943. Les autorités préparaient le D-Day, le débarquement en Normandie, et anticipaient un grand nombre de blessés », raconte Vicky Hope-Walker, responsable du National Paralympic Heritage Trust, l’association qui préserve l’histoire du paralympisme britannique et gère un petit musée dans l’enceinte du stade de Stoke Mandeville, entièrement consacré au handisport.
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Ludwig Guttmann refusait la fatalité d’une existence immobile pour ses patients, à une époque où les handicapés étaient exclus, discriminés, parfois stérilisés. « Un jour, il a surpris des malades en train de jouer avec une balle contre un mur et a constaté que l’activité physique les amusait et les maintenait en forme. Le docteur a alors mis en place un programme de réhabilitation des traumatisés par le sport, et c’est ainsi que sont nés les Jeux », ajoute Mme Hope-Walker.
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