Au terme de semaines de tensions, pressions, calculs et menaces, l’armée israélienne et le Hezbollah libanais sont entrés juste avant l’aube, dimanche 25 août, dans une phase d’affrontements d’ampleur, aux conséquences encore incertaines. Le passage à l’acte a pourtant été bref, coup de tonnerre dans un ciel régional chargé, suivi d’un calme presque total.
Ce moment de bascule potentiel redouté − car menaçant de mener à une escalade militaire régionale − a eu lieu lorsque l’armée israélienne, après des heures d’ultimes préparatifs, a lancé une opération aérienne d’envergure, décrite comme préventive, visant « des milliers de rampes de lancement de roquettes pointées vers le nord d’Israël dans quarante zones de tirs dans le sud du Liban ». Celle-ci s’inscrivait dans le cadre d’une opération « complexe » ayant impliqué « une centaine d’avions » − chiffre colossal− selon le lieutenant-colonel Nadav Shoshani, porte-parole de l’armée israélienne.
Ces avions, selon la même source, étaient en grande majorité israéliens. Des « alliés », Etats-Unis en tête, ont prêté main-forte, sans que les détails de cet appui soient encore connus.
Un « chapelet » de cibles militaires
Depuis le 30 juillet et la frappe sur Beyrouth ayant tué Fouad Chokr, haut responsable militaire et bras droit du chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, le Parti de Dieu avait promis de répliquer, réitérant des menaces de frapper le territoire israélien en profondeur, non seulement au Nord, en Galilée, mais aussi dans la région du centre, où se trouvent à la fois de grandes villes, le port d’Haïfa, des installations militaires et des infrastructures importantes. L’armée israélienne et le Hezbollah sont engagés depuis le lendemain du 7 octobre 2023 dans un conflit contenu, fait de tirs de part et d’autre de leur frontière commune, un conflit qui a rendu le Sud du Liban et le Nord d’Israël inhabitables pour les populations, mais est demeuré circonscrit, malgré les craintes de voir la moindre erreur de tir ou de calcul mener à une escalade.
Cette escalade est-elle arrivée ? Des roquettes Katyousha ont été tirées conjointement aux petites heures du matin vers Israël par le Hezbollah, qui estime leur nombre à 320. Quel est le bilan et quels sont les dégâts des deux côtés ? Il est encore difficile de le savoir. Le Hezbollah, dans un communiqué, dit avoir « ciblé et endommagé » onze bases ou installations militaires en territoire israélien, depuis le plateau du Golan occupé, frontalier de la Syrie, jusqu’à des positions au Nord, en Galilée, s’étalant schématiquement de l’est à l’ouest de la bande nord du pays, en évitant ostensiblement de viser la moindre ville, en particulier Haïfa.
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