A une table de poker, Jean-Luc Mélenchon serait un redoutable adversaire. D’une simple phrase, le fondateur de La France insoumise (LFI) a rebattu les cartes du jeu politique, suspendu, depuis le 7 juillet, à la nomination par Emmanuel Macron d’un futur premier ministre. A Chateauneuf-sur-Isère (Drôme), où se tenaient les universités d’été de La France insoumise (Amfis), Jean-Luc Mélenchon a interpellé le camp présidentiel. Si un gouvernement conduit par Lucie Castets, la candidate de la coalition de gauche, « ne comportait aucun ministre “insoumis”, est-ce que vous vous engagez à ne pas voter la censure et à lui permettre d’appliquer le programme » du Nouveau Front populaire (NFP), a-t-il interrogé sur TF1. La veille, le premier ministre démissionnaire, Gabriel Attal, avait fait savoir que son groupe à l’Assemblée nationale adopterait « une motion de censure immédiate » en cas de ministres LFI. Une position partagée par ses alliés du MoDem et d’Horizons.
Officiellement, la sortie surprise de Jean-Luc Mélenchon a réjoui les membres du NFP. « C’est une bonne nouvelle car elle retourne le piège. Cela prive les macronistes de leur prétexte. A eux d’expliquer pourquoi ils se refusent à respecter le suffrage des Français », explique le premier secrétaire du Parti socialiste (PS), Olivier Faure. « Si cela peut permettre d’être nommé plus facilement à Matignon, ça me va. Tout n’est pas calcul ! Si on peut avoir un gouvernement NFP, certes avec les conditions qui sont pas exactement celles du départ, je prends », renchérit Laurent Baumel, député PS d’Indre-et-Loire.
Jean-Luc Mélenchon ouvre-t-il la voie à un « soutien sans participation », à l’image du Parti communiste, qui avait refusé d’entrer en 1936 dans le gouvernement du Front populaire de Léon Blum ? D’après l’un des chefs de parti, l’hypothèse avait été discutée au moment où les écologistes, les socialistes et les communistes avaient envisagé de propulser l’économiste Laurence Tubiana, une candidature refusée par LFI.
« Position constructive »
A Châteauneuf-sur-Isère, les « insoumis » refusaient d’acter un renoncement définitif à une entrée dans un exécutif de gauche. « Nous posons la question : aux macronistes de répondre si le problème est la France insoumise ou le programme du NFP », évacue l’eurodéputée Manon Aubry, qui ne veut pas « mettre la charrue avant les bœufs ». Avertie en amont, Lucie Castets refuse d’envisager cette option. Tout en saluant « la position constructive de Jean-Luc Mélenchon », elle répétait samedi aux Amfis que « les quatre forces du NFP avaient vocation à gouverner ».
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