Le Pakistan est de nouveau rattrapé par le terrorisme aveugle, massif. Dans la nuit du dimanche 25 au lundi 26 août, une série d’attentats coordonnés a frappé la région du Baloutchistan, faisant 51 morts, selon le dernier bilan, établi mardi 27 août au matin. Les attaques ont eu lieu dans une douzaine de sites dans les districts de Quetta, Gwadar, Musakhail. Des commissariats, des postes de police ont été visés, une ligne ferroviaire a été dynamitée près de Mastung. Partout des images d’immeubles calcinés, ou éventrés, de véhicules incendiés et renversés, de familles éplorées témoignent de la rage des insurgés.
Le pire carnage a eu lieu non loin du Pendjab, vers Musakhail. Les séparatistes de l’Armée de libération du Baloutchistan, qui ont revendiqué l’opération, ont pris pour cible les véhicules sur une autoroute reliant le Pendjab. Ils ont arrêté bus, voitures et camions, pour demander les identités des passagers, avant d’exécuter par balle tous ceux qui étaient pendjabis. « Les Baloutches ont le sentiment d’être exploités par l’armée, composée majoritairement de Pendjabis. C’est un acte clairement dirigé contre l’establishment », explique un spécialiste sous le couvert de l’anonymat.
Dans un communiqué publié peu après minuit, lundi, le groupe armé avait averti les habitants de ne pas s’approcher des autoroutes, précisant que « leur combat visait l’armée pakistanaise d’occupation ».
Interdite depuis 2016, cette organisation, qui revendique l’autonomie du Baloutchistan, compterait environ 3 000 soldats, mais beaucoup plus de sympathisants, regroupés notamment dans la région de Makran, vers la mer d’Arabie. Cette région aride et montagneuse, fermée aux étrangers, située à la frontière avec l’Iran et avec l’Afghanistan, est la plus vaste des quatre provinces du Pakistan – 43 % du territoire –, mais la moins peuplée, à peine 6 % de la population. Elle est aussi la plus pauvre, alors que son sous-sol recèle quantité de minerais, de réserves de pétrole, de gaz, de cuivre et d’or.
Les Chinois, cibles privilégiées
Ce paradoxe entre pauvreté et abondance nourrit une part des griefs de la population, à majorité tribale, très peu alphabétisée, qui se sent littéralement abandonnée, spoliée. La frustration a été décuplée avec la construction, depuis 2002, du port de Gwadar, sur la mer d’Arabie, projet majeur du corridor économique Chine-Pakistan qui doit offrir un débouché maritime à Pékin et éviter le détroit de Malacca. Avec 750 kilomètres de littoral, la province revêt une importance géostratégique pour toute l’Asie.
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