L’Europe est survolée depuis samedi soir par un vaste nuage de dioxyde de soufre.
Quasiment invisible, il est au cœur des inquiétudes de certains internautes, qui alertent sur sa prétendue dangerosité.
S’ils sont odorants, ces panaches de soufre sont en réalité sans risque pour la santé.
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L’info passée au crible des Vérificateurs
Et si les conséquences du dioxyde de soufre n’étaient pas qu’une mauvaise odeur d’œuf pourri ? Alors qu’un nuage de SO2 a commencé à survoler la France dimanche 25 août, plusieurs internautes alertent sur la dangerosité de ce gaz invisible, mais particulièrement odorant. Selon eux, les autorités auraient volontairement minimisé l’impact sur la santé du panache provoqué par l’éruption d’un volcan islandais dans la péninsule de Reykjanes.
« Les cartes météorologiques montrent un énorme nuage de dioxyde de soufre craché par les récentes éruptions volcaniques en Islande », avertit par exemple Silvano Trotta. Pour ce Youtubeur qui a fait du complot sa profession, les Britanniques auraient reçu la consigne de « rester à l’intérieur de chez eux alors qu’un nuage de gaz corrosif et acide, qui peut causer de graves problèmes de santé, engloutit le Royaume-Uni ». Dans sa publication, qui a cumulé 1,6 million de vues sur ses différents réseaux sociaux, cet adepte des fausses informations va même jusqu’à dresser un parallèle avec la controverse autour du nuage venu de Tchernobyl, dont la radioactivité avait été sous-évaluée par les autorités sanitaires. Face à la viralité de sa prise de parole, l’internaute a renouvelé son appel à la vigilance à deux reprises, lundi et mardi, conseillant à ses centaines de milliers d’abonnés de « faire attention ». Mais ces craintes sont-elles justifiées ? Nous avons vérifié.
Des concentrations faibles et en haute altitude
Pour rappel, l’activité volcanique entraîne des coulées de débris ou des glissements de terrain, mais elle provoque également des panaches de fumée. Ils contiennent notamment de la cendre et différents gaz, dont le dioxyde de carbone (CO2) et le dioxyde de soufre (SO2). Or, ce dernier peut être particulièrement nocif pour la santé. Identifiable par une odeur semblable à celle de l’œuf pourri, il devient toxique à partir d’un seuil fixé par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) à 40 µg/m3 dans l’air pendant 24 heures. L’inhalation de SO2 peut provoquer des symptômes tels que des maux de gorge, de la toux, une irritation des yeux, ainsi que des difficultés à respirer.
C’est pourquoi le Royaume-Uni a rapidement fait preuve de vigilance. Premier pays touché par ce « nuage toxique », comme l’ont surnommé les médias anglo-saxons, il a fait l’objet de recommandations dans la nuit du 24 au 25 août. Communiquées par seule voie de presse à l’intention des personnes âgées et des jeunes enfants, il leur a été demandé de « réduire leur exposition en restant à l’intérieur ». Une consigne qui a rapidement été retirée. Et pour cause, les météorologues du service national britannique de météorologie ont déclaré en début d’après midi que le panache islandais avait « traversé le Royaume-Uni à haute altitude » et avait eu « peu d’influence sur la qualité de l’air au niveau du sol ».
Ce n’est qu’après être passé par le Royaume-Uni sans provoquer de complications que le nuage a survolé la France. Comme le montre très distinctement le service de surveillance de l’atmosphère Copernicus, le panache a d’abord traversé la Manche avant de toucher la côte française 24 heures plus tard. À ce moment-là, les premières observations réalisées par satellite permettaient déjà de savoir que le nuage se trouvait très haut dans l’atmosphère, entre cinq et huit kilomètres d’altitude. « Il devrait avoir peu, voire aucun impact, au niveau du sol, c’est-à-dire sur la qualité de l’air et sur la santé », expliquait dès lundi Mark Parrington, chercher à l’observatoire européen Copernicus.
Et de fait, comme le démontre le service de surveillance de l’atmosphère Copernicus ce mardi, à moins de cinq kilomètres du sol, les quantités de SO2 dans l’air n’ont pas dépassé les 0,2 ppbv. C’est 500 fois mois que la concentration à partir de laquelle les personnes asthmatiques peuvent ressentir un impact sur leurs voies respiratoires, selon une notice des Centres pour le contrôle et la prévention des maladies. Lundi soir, la plate-forme française de prévision de la qualité de l’air, gérée par l’INERIS, en partenariat avec Météo-France, le CNRS et le Laboratoire central de Surveillance de la Qualité de l’air, a confirmé qu’il n’y avait « pas de présence significative de SO2 au niveau du sol en France actuellement ».
En résumé, contrairement à ce que laissent entendre certains internautes alarmistes, aucune alerte sanitaire n’a été émise par les autorités dans les pays concernés par le survol de ce nuage. Pour les prochains jours, l’éruption du volcan islandais n’aura pas d’impact notable sur l’air respiré, comme l’a résumé la plate-forme française de prévision de la qualité de l’air en s’appuyant sur des données disponibles en ligne.
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