FRANCE 2 – MARDI 27 AOÛT À 23 H 10 – DOCUMENTAIRE
Les documentaires consacrés aux athlètes de haut niveau sont à la mode. Mais pour parvenir à séduire le grand public, il faut plusieurs ingrédients : que l’athlète choisi(e) possède une forte personnalité, prenne bien la lumière, oublie si possible la caméra et pratique une discipline qui soit télégénique, donc spectaculaire. Ce documentaire signé Florent Bodin est une réussite parce que Sara Balzer, vainqueure de la Coupe du monde d’Athènes, le 2 mars, et vice-championne olympique aux Jeux olympiques (JO) de Paris le 29 juillet, est un personnage au physique impressionnant et à la force mentale bluffante.
Une perfectionniste pas toujours facile à gérer. « L’escrime est un sport très contraignant pour le corps. On le ressent au fur et à mesure que le temps passe », résume la gauchère au style très énergivore.
En suivant la préparation de la grande Alsacienne quelques mois avant les Jeux de Paris, on entre dans le quotidien d’une championne hors normes, qui raconte avec franchise ses doutes après une grave blessure au genou puis l’apparition de douleurs à la hanche. Avec le kiné, le médecin, Sara Balzer écoute, questionne : « J’ai besoin de comprendre ce qui se passe, les causes, les conséquences. »
Quête d’excellence
A l’Institut national du sport, de l’expertise et de la performance (Insep), où s’entraînent les meilleurs, on regarde la sportive travailler comme une forcenée. Et s’engueuler parfois avec son entraîneur, Matthieu Gourdain, sélectionneur de l’équipe de France de sabre.
Ce dernier, témoin privilégié des efforts consentis par Sara pour revenir au plus haut niveau après sa blessure, souligne : « Je travaille avec elle depuis septembre 2021. A l’époque, Sara était 55e mondiale. Je suis très exigeant mais cela fonctionne bien entre nous, peut-être parce que je suis aussi gaucher ! »
Au fil des entraînements, des compétitions (à Orléans, Athènes, Paris), des soins, on suit Sara Balzer dans sa quête d’excellence. On l’accompagne aussi dans sa famille à Strasbourg et en visite pour une conférence dans son ancien lycée. L’émotion est au rendez-vous et les souvenirs remontent à la surface. Notamment les sacrifices financiers consentis par ses parents, car entre l’équipement, les déplacements, les compétitions, l’escrime coûte cher.
On est surpris par la dureté de certaines séances d’entraînement, les hurlements après chaque touche, la tension palpable. « J’aimerais voir les choses avec plus de légèreté, plus de bienveillance envers moi-même. Je suis dans l’excès », lance-t-elle, lucide, avant d’ajouter : « Après chaque match, je suis épuisée mentalement. »
Adversaires un jour, coéquipières un autre, les relations entre sabreuses de l’équipe de France sont esquissées. Il faut être forte dans sa tête, sur la piste comme aux entraînements. Forte comme Sara Balzer, qui, après sa finale perdue aux JO face à sa compatriote Manon Apithy-Brunet, pense déjà aux Jeux de Los Angeles de 2028. Toujours une touche d’avance.
Sara Balzer, d’argent et d’acier, de Florent Bodin (Fr., 2024, 52 min). France 2