Méconnu en France ? Plus pour longtemps. Le chorégraphe Alexander Ekman, né à Stockholm en 1984, a 7 ans quand il découvre le ballet Le Lac des cygnes. Trois ans plus tard, il intègre l’école de danse de l’Opéra royal de Suède. Il y décroche son premier contrat à 17 ans. Aujourd’hui, ce quadragénaire désormais repéré sur la scène internationale pour ses collaborations avec des troupes prestigieuses comme le Göteborg Ballet, la Sydney Dance Company ou le Ballet national de Norvège, se retrouve aux manettes de la cérémonie d’ouverture des Jeux paralympiques de Paris 2024, qui se tient mercredi 28 août.
Celui qui, en 2021, à l’occasion de la reprise de sa pièce à succès Play (créée en 2017 avec le Ballet de l’Opéra national de Paris), nous déclarait vouloir « créer des mondes que l’on n’a encore jamais vus auparavant », est prêt à relever le défi. Avec un goût aiguisé pour l’inattendu. Réussira-t-il à réaliser l’exploit dans le contexte précis et grandiose de cette opération gigantesque ? « J’adore les surprises, confirme-t-il en riant. Le format, ici, n’en est pas une, mais on peut ouvrir un nouveau chemin pour ce type de cérémonie. Je suis le créateur, donc je ne suis pas objectif. C’est un événement vraiment unique, en tout cas. »
Quatre plateaux de 4 500 mètres carrés au total ont été installés place de la Concorde, au cœur de Paris, pour accueillir 140 danseurs, dont seize en situation de handicap. Le spectacle s’intitule Paradoxe. « Ce mot nous a guidés, précise-t-il. Nous avons travaillé sur différents paradoxes. Les athlètes paralympiques sont vus aujourd’hui comme des héros. Mais demain, ils retourneront dans leur quotidien qui manque d’accessibilité et peut être discriminant. Le lieu lui-même est un paradoxe. Des choses très dures se sont passées sur cette place [il fait le geste de trancher la tête]. J’aime beaucoup le mot “concorde”, nous viserons ce but : atteindre la concorde, l’harmonie. »
« Une grande célébration »
Pour dénicher cette équipe de performeurs exceptionnels, une audition a été lancée, qui a rassemblé 2 000 interprètes. Seuls 124 ont été sélectionnés. Mais c’est une recherche menée dans le monde entier à travers les réseaux qui a permis de rencontrer les seize autres performeurs. « Ce sont des talents de haut niveau », affirme-t-il. Certains sont en fauteuil roulant, d’autres utilisent des béquilles.
Avant de s’attaquer concrètement à la chorégraphie, Alexander Ekman, qui n’a jamais travaillé avec des personnes en situation de handicap, s’est documenté. « J’ai fait beaucoup d’entretiens avec des gens qui ont des handicaps différents pour comprendre ce qui était important pour eux, dit-il. On a donc essayé de concevoir une grande célébration, avec des messages importants. » L’inclusion et la « fierté » seront au rendez-vous. « Nous voulons changer la perspective sur la façon de voir et de considérer le handicap », résume-t-il.
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