Des rayons vides, des vendeurs en ligne incapables de répondre à la demande et un gouvernement attentiste. Le Japon fait face à une pénurie de riz qui choque dans un pays qui se prévaut de couvrir 100 % de ses besoins dans ce domaine, alors que son taux d’autosuffisance alimentaire – en termes caloriques – ne dépassait pas 38 % en 2023. Plusieurs enseignes, à commencer par les supermarchés Ito-Yokado, ont limité les achats à un paquet de riz par famille.
Les autorités se veulent toutefois rassurantes. « Le riz a bien poussé en 2024. En certains endroits, la récolte commencera une semaine plus tôt que d’habitude, donc les expéditions devraient également commencer plus tôt », a expliqué le ministre de l’agriculture, Tetsushi Sakamoto. « Nous devons être patients jusqu’à ce que le nouveau riz soit disponible », soulignait de son côté Ito Yokado.
Mais les Japonais s’inquiètent d’autant plus que le puissant typhon Shanshan, pour lequel les autorités ont émis le niveau d’alerte le plus élevé pour les vents et les ondes de tempêtes, a atteint mercredi 28 août les côtes de l’île de Kyushu (sud-ouest) et pourrait survoler le Japon jusqu’au 4 septembre, menaçant l’activité rizicole.
Une récolte perturbée pourrait aggraver la crise voire forcer le gouvernement à recourir aux importations ou à puiser dans ses réserves d’urgence, riches de 910 000 tonnes de riz et mises en place en 1993, après un été anormalement frais ayant affecté la riziculture.
Croissance de la demande
Cette année, la pénurie menace depuis le printemps. Selon le ministère de l’agriculture, les stocks du secteur privé étaient tombés à 1,56 million de tonnes en juin, le niveau le plus bas depuis le début de ces statistiques en 1999 et en baisse de 20 % par rapport à 2023. En juillet, le prix de gros atteignait 15 626 yens (97,10 euros) les 60 kg de riz, en hausse de 13 % sur un an.
Dans le même temps, la demande a crû entre juin 2023 et juin 2024 de 110 000 tonnes pour s’établir à 7,02 millions de tonnes. Il s’agissait de sa première augmentation en dix ans. En cause, le retour des touristes après la pandémie. Le Japon a accueilli 17,78 millions de visiteurs étrangers au premier semestre 2024, un million de plus qu’au premier semestre 2019.
Autre problème, l’inflation qui pousse les Japonais à se tourner davantage vers le riz, « bon marché par rapport aux autres cultures comme le blé », note Hiroshi Itakura, du ministère de l’agriculture.
La riziculture est aussi soumise aux évolutions du climat. L’année 1993 fut trop froide. 2023 fut marquée par des « températures considérablement supérieures » aux normales de saison, dixit l’Agence japonaise de météorologie (JMA). La moyenne avait dépassé de 1,76 °C les normales, un record. Le phénomène s’était accompagné d’un fort déficit pluviométrique. Or, le riz exposé à des températures élevées pendant la période de maturation estivale subit une dégradation de sa qualité.
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