A la fois discrète et déterminée, taiseuse mais dotée d’un indéniable franc-parler, elle a incarné la reprise des relations entre Paris et Brasilia après l’éclipse tumultueuse du mandat du président Jair Bolsonaro. Brigitte Collet, diplomate chevronnée et ancienne ambassadrice de France au Brésil, est décédée le 21 août des suites d’un cancer. Elle était âgée de 66 ans.
Sa disparition a ému au Quai d’Orsay et jusqu’au sommet de l’Etat brésilien. Le président Luiz Inacio Lula da Silva a tenu à présenter ses condoléances dans un message publié, le 23 août, sur X – un geste rarissime pour un ambassadeur ; il y a salué « une grande diplomate qui a fait un travail extraordinaire pour rapprocher le Brésil et la France ».
Née le 11 octobre 1957 au Mans, Brigitte Collet voit le jour dans une famille aux racines bretonnes. Bûcheuse et disciplinée, elle intègre en 1986 l’Ecole nationale d’administration, promotion Montaigne, après un doctorat en droit international. Elle laisse à ses camarades le souvenir d’une élève réservée mais accessible. « Pas flashy, pas fêtarde, parfois distante, mais bosseuse invétérée, et d’une honnêteté intellectuelle irréprochable », se souvient l’un de ses collègues.
La future ambassadrice commence sa carrière comme cheffe du service de presse à l’ambassade de France au Maroc (1988-1991), avant d’occuper plusieurs postes aux Nations unies, à Washington et à Vienne. Elle est très attachée au multilatéralisme, les questions des droits humains et de l’environnement lui tenant particulièrement à cœur.
Signal de fermeté
Après un nouveau passage aux Nations unies, la voilà en 2007 directrice de cabinet de Rama Yade, alors secrétaire d’Etat aux droits de l’homme. « Attention, je suis de gauche ! », prévient-elle sans ambages Rama Yade, qui ne lui en tient pas rigueur. Elle accompagne avec diplomatie les foucades de la secrétaire d’Etat, en délicatesse avec la présidence de Nicolas Sarkozy, en particulier lors de la visite du dirigeant libyen Mouammar Kadhafi à Paris, en 2007.
Après une année auprès de Rama Yade, Brigitte Collet devient successivement ambassadrice en Norvège (2008-2012), en Ethiopie (2012-2016), puis ambassadrice du climat pour les énergies renouvelables et la prévention des risques climatiques (2016-2020), un poste qui la passionne. Le Brésil, où elle débarque en avril 2020, est une consécration de son engagement.
Les relations entre Paris et Brasilia sont alors au plus bas : moins d’un an plus tôt, lors de la crise des incendies en Amazonie, Jair Bolsonaro n’a pas hésité à injurier Emmanuel Macron, moquant jusqu’au physique de son épouse. Soucieux de donner un signal de fermeté, l’Elysée envoie à Brasilia une diplomate experte du climat et des droits humains. La presse remarque avec malice que Brigitte Collet partage le même prénom que la première dame française…
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