PRIME VIDEO – À LA DEMANDE – SÉRIE
La rentrée, en Terre du Milieu, c’est comme partout : la joie des retrouvailles est atténuée par la perspective de la reprise du travail. Entre l’océan à l’ouest et le Mordor à l’est, le travail, pour le spectateur, n’a pas changé : il faut se remémorer les tribulations qui ont amené chacun des innombrables personnages jusqu’au mauvais pas dont ils doivent se tirer ; situer, dans le temps et dans l’espace, chacun des fils narratifs et les relier à l’enjeu central de cette épopée.
Les bons élèves, ceux qui connaissent Le Seigneur des Anneaux et le Silmarillion par cœur, seront avantagés, les tricheurs aussi (c’est probablement la seule série dont chaque personnage fait l’objet d’une page Wikipédia). Bonne nouvelle, ces exercices mnémoniques seront vite récompensés. En cette deuxième saison des Anneaux de pouvoir, l’avatar de l’univers imaginé jadis par J. R. R. Tolkien (1892-1973), élaboré par J. D. Payne et Patrick McKay, se déploie avec la même ampleur que lors des précédents épisodes. Cette fois, les personnages qui peuplent cette fresque épique (et parfois pompière) prennent vie, donnant chair à des icônes familières.
Rhétorique shakespearienne
La prise de pouvoir de Sauron (Charlie Vickers) n’est pas pour rien dans cette vitalité nouvelle. Les scénaristes lui ont accordé la première place dans le récit. Changeant d’apparence selon les nécessités, Sauron devient l’incarnation de la corruption des âmes. Les dialogues parfois sentencieux atteignent une certaine majesté, lorsqu’ils expriment l’affrontement entre Sauron et Celebrimbor (Charles Edwards) l’elfe-orfèvre qui se laisse convaincre de forger les anneaux, les deux interprètes injectant une bonne dose de rhétorique shakespearienne dans leurs répliques.
Le personnage d’Adar (Sam Hazeldine, qui succède dans le rôle à Joseph Mawle), le père des orques, dévoile une complexité inattendue, rebelle qui ne défend d’autre cause que celles des créatures monstrueuses sous son commandement. S’il paraît aussi humain, presque historique, c’est peut-être parce qu’il est « hors canon » pour employer la terminologie des tolkienistes, parce qu’il est sorti de l’imagination des créateurs de la série, plutôt que de celle de l’auteur sud-africain.
Mais si l’on séjourne chez les elfes, les orques ou les ents (car il y a des ents en cette saison), c’est que l’invitation promettait, avant toute chose, du spectacle. Emmenés par Charlotte Brandström, les réalisateurs (en majorité des réalisatrices) des Anneaux de pouvoir maîtrisent désormais l’art de la guerre numérique, comme le démontreront les derniers épisodes.
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