Mis au défi de répondre avec fermeté à l’attaque au couteau meurtrière survenue dans la nuit du 23 au 24 août à Solingen, dans l’ouest de l’Allemagne, le gouvernement Scholz a présenté, jeudi 29 août, un paquet de mesures élaborées dans l’urgence, mais soutenues par l’ensemble des partis de sa coalition, dont les divisions alimentent d’ordinaire la chronique politique.
Le temps pressait pour le chancelier, sommé de prendre des mesures crédibles à trois jours d’élections à fort enjeu pour le pays et pour son gouvernement. Les régionales qui auront lieu dimanche 1er septembre dans deux Länder de l’est du pays se présentent en effet particulièrement mal pour les partis au pouvoir à Berlin. En Thuringe et en Saxe, l’extrême droite est donnée en tête avec 30 % des voix. C’est également le cas dans le Brandebourg, où les électeurs sont appelés aux urnes le dimanche 22 septembre.
C’est donc un attelage de ministres issus des trois partis de la coalition tricolore – les sociaux-démocrates du SPD, les libéraux du FDP et les écologistes – qui a présenté, jeudi, des mesures se voulant « de grande envergure » et « sévères », a estimé la ministre fédérale de l’intérieur, Nancy Faeser (SPD), en présence de son collègue de la justice, Marco Buschmann (FDP), et de la secrétaire d’Etat au ministère de l’économie, Anja Hajduk (Verts).
« Une realpolitik encore plus stricte »
Le dispositif vise à la fois à renforcer le contrôle de l’immigration, en particulier du droit d’asile, et celui des armes, sujets remis au cœur des débats par la tuerie. L’attaque de Solingen, perpétrée par un réfugié syrien de 26 ans sous le coup d’une mesure d’expulsion, a fait trois morts et blessé plusieurs personnes. Entré en Allemagne en 2022, l’homme était visé par une mesure d’expulsion vers la Bulgarie, pays par lequel il était entré en Europe.
Accusée d’immobilisme alors que des attaques similaires ont endeuillé le pays ces derniers mois, la coalition revendique ainsi sa capacité à mettre en œuvre une « une realpolitik encore plus stricte » en matière de politique migratoire, a insisté le ministre de la justice. Les mesures prévoient par exemple que les réfugiés dont la demande d’asile dépend d’un autre Etat européen – surnommés les réfugiés « Dublin » – seront privés de prestations sociales en Allemagne si le pays qui les a accueillis en premier a accepté de les prendre en charge. Une mesure réclamée notamment par les libéraux de la coalition, désireux de réduire « le magnétisme de l’Etat social allemand », selon l’expression de leur chef de file, le ministre des finances Christian Lindner (FDP), cité par Der Spiegel.
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