Après l’attentat meurtrier de Solingen – qui a eu lieu vendredi 23 août – pour lequel un Syrien soupçonné de liens avec l’organisation Etat islamique (EI) a été arrêté, la coalition au pouvoir en Allemagne a décidé de durcir des lois sur les prestations pour certains demandeurs d’asile et sur le port d’armes blanches.
Au cours d’une conférence de presse, jeudi 29 août à Berlin, la ministre de l’intérieur allemande, Nancy Faeser, a annoncé la suppression des aides pour les demandeurs d’asile entrés dans un autre pays de l’Union européenne (UE) avant de venir en Allemagne. Il s’agit là de permettre une mise en œuvre rapide du « règlement de Dublin » sur lequel se sont entendus les pays de l’UE : le premier pays de l’Union dans lequel est entré un étranger clandestin est responsable de sa demande d’asile.
En coupant ces prestations, il s’agit, selon le ministre de la justice allemand, Marco Buschmann, de mettre sous pression les demandeurs d’asile concernés afin qu’ils se présentent aux autorités ou qu’ils partent d’eux-mêmes. Berlin veut aussi faciliter l’expulsion de réfugiés ayant fait usage d’armes.
Les bénéficiaires de l’asile retournant dans leur pays d’origine « sans raisons impérieuses », par exemple pour des vacances, devraient perdre aussi leur droit à la protection en Allemagne, selon les mesures annoncées. Egalement dans le collimateur du gouvernement allemand : le renvoi « des criminels dangereux vers l’Afghanistan et la Syrie », alors que la situation politique de ces pays rend cette procédure compliquée.
Parmi les autres mesures annoncées : l’interdiction du port d’armes blanches, qui vaudra notamment lors des rassemblements populaires – fêtes et foires – ainsi que dans les transports longue distance (trains mais aussi bus). « L’attentat de Solingen nous a profondément bouleversés et (…) le gouvernement y réagit par un durcissement de mesures », a justifié Mme Faeser.
Olaf Scholz exprime sa « colère » après l’attentat meurtrier
A une semaine d’élections régionales dans deux Etats de l’est de l’Allemagne où l’extrême droite pourrait réaliser de bons scores, le gouvernement est mis sous pression par les oppositions et l’opinion publique après cette attaque qui a fait trois morts et huit blessés lors de festivités locales.
Venu se recueillir sur les lieux de l’attentat lundi, le chancelier allemand, Olaf Scholz, avait ainsi évoqué ce durcissement législatif en promettant de « tout faire » pour « expulser ceux qui ne peuvent et ne doivent pas rester en Allemagne ». Il a dit aussi sa « colère » face à cet acte de « terrorisme contre nous tous », dénonçant les « islamistes qui menacent la coexistence pacifique entre nous tous ».
Le suspect de l’attaque de Solingen, identifié comme Issa Al-H., était arrivé en Allemagne en décembre 2022 et faisait l’objet d’une mesure d’expulsion vers la Bulgarie, où son entrée avait été enregistrée et où il aurait dû déposer sa demande d’asile. Mais au moment où les autorités allemandes avaient voulu l’expulser, il avait disparu.
Après l’attentat, l’homme âgé de 26 ans s’est rendu à la police samedi pour y être arrêté. Il voulait « tuer le plus grand nombre possible de personnes », a fait savoir le parquet antiterroriste de Karlsruhe. « Il a poignardé à plusieurs reprises et de manière ciblée, dans le dos, le cou et le torse, des visiteurs du festival », a-t-il dit. L’attentat a été revendiqué par l’EI, affirmant que l’assaillant avait agi « pour venger les musulmans de Palestine et de partout ailleurs », selon un communiqué du groupe djihadiste transmis par son organe de propagande Amaq.