Les partenaires sociaux sauront-ils être meilleurs que le personnel politique dans l’art du compromis ? Le Medef vient de soulever la question dans cette rentrée hors du commun où la constitution du gouvernement tarde à se concrétiser, avec une Assemblée nationale balkanisée et un chef de l’Etat qui joue sur ces fractures. Lundi 26 août, Patrick Martin, le président de l’organisation patronale, s’est dit prêt à « reprendre » la négociation sur l’emploi des seniors qui avait capoté au début du printemps. Cette annonce est une invitation au dialogue. Elle constitue aussi un test de robustesse pour notre démocratie sociale et va permettre de jauger la sincérité des acteurs en présence.
Dans la nuit du 9 au 10 avril, après un peu plus de trois mois d’échanges, les syndicats et le patronat s’étaient quittés en constatant leur incapacité à conclure un « nouveau pacte de la vie au travail », dont l’un des objectifs était d’améliorer le sort des salariés en fin de carrière. Les protagonistes s’étaient alors mutuellement accusés d’intransigeance. Le camp des employeurs avait même trouvé le moyen de se quereller au sujet du compte épargne-temps universel, un projet de dispositif visant à ménager des temps de pause dans les parcours professionnels. Le Medef et la Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME) étaient contre, tandis que l’Union des entreprises de proximité (U2P) était disposée, elle, à accepter cette mesure ardemment réclamée par la CFDT.
Cet épisode avait jeté un froid dans la sphère du paritarisme, même s’il n’avait pas entraîné une panne générale puisque des pourparlers engagés sur d’autres thématiques (l’indemnisation des accidents du travail, notamment) avaient abouti, parallèlement.
« Un enjeu prioritaire »
Aujourd’hui, M. Martin semble vouloir donner un peu plus de tonus à la négociation collective en ranimant la réflexion sur l’emploi des seniors. Dans la « configuration politique » actuelle, « la démocratie sociale doit reprendre tous ses droits », a-t-il plaidé, mardi, lors d’une conférence de presse tenue pendant l’université d’été de son mouvement. Le numéro un du Medef pose, toutefois, une condition : le redémarrage du processus n’est envisageable que s’il s’accompagne de la baisse de cotisations prévue par un accord de novembre 2023 sur l’assurance-chômage qui n’est pas entré en vigueur, faute d’avoir été homologué par l’Etat.
Le fait de proposer de nouvelles tractations consacrées à l’activité des travailleurs vieillissants est plutôt bien accueilli, sur le principe, par la plupart des interlocuteurs de M. Martin. « On y retourne, bien sûr, si ça revient sur la table », confie Frédéric Souillot, le secrétaire général de FO. « Je suis prêt à soutenir cette démarche », renchérit François Hommeril. Pour le président de la CFE-CGC, les fins de carrière représentent « un enjeu prioritaire », nécessitant des mesures spécifiques afin de modifier les pratiques des entreprises qui ont pris « l’habitude de balancer les gens à 58 ans ». François Asselin, le numéro un de la CPME, est, lui aussi, partant : « Nous avons toujours dit qu’il n’était pas satisfaisant de rester sur un échec. S’il y a bien un thème sur lequel les acteurs sociaux doivent prendre leurs responsabilités, c’est celui de l’emploi des seniors. »
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