Le chaud et le froid ont soufflé presque simultanément sur le vignoble de Cognac, jeudi 29 août. La menace chinoise d’une taxation des précieuses eaux-de-vie charentaises a semblé un moment s’éloigner, mais cette levée temporaire d’une possible sanction douanière ne pourrait offrir qu’un répit.
Tout a commencé par la publication d’un communiqué du ministère chinois du commerce. Celui-ci affirmait que la Chine n’imposerait pas de droits de douane provisoires aux producteurs européens de brandy, comme le cognac français. Les investisseurs ont réagi au quart de tour : immédiatement, les cours de Bourse du groupe de spiritueux français Pernod Ricard, comme de son homologue Rémy Cointreau, ont flambé. Ils ont bondi respectivement d’environ 10 % et 12 %. Toutefois, au fil de la séance, l’enthousiasme s’est un peu refroidi. A la clôture, la progression se limitait à près de 2 %.
Entre-temps, une lecture plus attentive du communiqué faisait apparaître que toute menace n’était pas écartée. Elle pèse sur la filière depuis le 5 janvier, lorsque le ministère chinois du commerce a annoncé le lancement d’une enquête antidumping sur les eaux-de-vie de vin − comme le cognac − importées de l’Union européenne (UE). Une initiative faisant suite à une plainte déposée en novembre 2023 par l’Association chinoise des alcools.
L’ouverture de cette enquête est à mettre en relation avec les tensions commerciales croissantes entre Pékin et l’UE. Ces derniers mois, l’épreuve de force ne fait que s’accentuer avec, au cœur de la polémique, la volonté de Bruxelles de s’attaquer aux prix jugés artificiellement bas des véhicules électriques importés en Europe et fabriqués en Chine, du fait de subventions d’Etat. La Commission européenne a d’ailleurs validé, mardi 20 août, le principe de surtaxer les voitures importées pendant cinq ans, avec un taux maximal fixé à 36,3 %.
« Dommages substantiels »
L’enquête portant sur les eaux-de-vie de vin était vue comme une première mesure de représailles de la Chine. Elle a été suivie par deux autres salves touchant toujours le secteur agroalimentaire, considéré comme stratégique pour les Vingt-Sept. Mi-juin, l’empire du Milieu a lancé une enquête antidumping sur les livraisons de viande de porc européen. Et le lendemain de la confirmation du projet de taxation des véhicules électriques, elle récidivait en s’attaquant, cette fois, à certains produits laitiers importés depuis l’UE.
En parallèle, la procédure visant le cognac suivait son cours. Le 18 juillet s’est tenue, à Pékin, une audition regroupant associations et entreprises européennes prêtes à s’expliquer devant les autorités chinoises et à réfuter toute pratique de dumping.
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