Matignon Circus. Deux mois après le second tour des législatives, marqué par la plus forte participation depuis trente ans, Emmanuel Macron ne parvient toujours pas à tirer les leçons du scrutin, ses interminables consultations tournant au vaudeville. Sur fond de chassés-croisés dans la cour de l’Elysée, d’intox et de ballons d’essai, les cotes des uns et des autres montent et descendent, dans un navrant mouvement de balancier.
Un jour, c’est l’ancien premier ministre de François Hollande, Bernard Cazeneuve – dont le nom et le positionnement de « centre gauche » étaient avancés comme des évidences, la semaine dernière, par les conseillers du palais – qui paraît tenir la corde… Un autre jour, c’est le président (Les Républicains, LR) de la région des Hauts-de-France, Xavier Bertrand, qui fait figure de favori… Entre les deux, le nom d’un parfait inconnu des Français – le président du Conseil économique, social et environnemental, Thierry Beaudet, pour lequel l’Elysée avait commencé à chercher un directeur de cabinet, a émergé, avant d’aussitôt se dégonfler. Plouf, plouf, c’est reparti pour un tour…
« Matignon : Macron teste un nom par jour ! », pouvait-on lire, mardi 3 septembre, sur un bandeau de la chaîne d’information en continu BFM-TV. Le point d’exclamation, inhabituel, venant souligner la teinte surréaliste du moment.
Et tandis que les commentateurs pouffent, plus ou moins discrètement, sur les plateaux, les humoristes et mauvais esprits de tout poil s’en donnent à cœur joie. Dimanche, à l’annonce de nouvelles consultations à l’Elysée, un ancien conseiller de François Hollande, Gaspard Gantzer, égrenait sur X : « Mardi, il recevra tous les anciens premiers ministres depuis 1981. Mercredi, les Césars du meilleur acteur depuis 1977. Jeudi, les vainqueurs du Tour de France depuis 1958… » Quant à l’ex-conseiller du ministre des armées, Sébastien Lecornu, Ziad Gebran, désormais chez l’assureur Axa, il en appelait, mardi sur X, aux talents divinatoires de « Paul le Poulpe ».
Erreurs de jugement et atermoiements
Pendant tout l’été, Emmanuel Macron a joué avec le petit monde politique comme un chat avec des souris, lançant la pelote tantôt à droite, tantôt à gauche ou encore au centre (la fameuse hypothèse « technique »). « J’ai bien vu ceux qui, cet été, se sont promenés… », a-t-il glissé, amusé, au patron des sénateurs LR, Bruno Retailleau, reçu à l’Elysée. Pour caractériser le travail de « décantation », censé réduire le champ des possibles, les proches du président convoquent l’image de l’entonnoir. Mais c’est lui-même qui s’y est mis. Et plus celui qui croit garder la main attend, plus il apparaît, au contraire, dépassé.
Il vous reste 46.31% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.