Renouer le fil avec les collectivités locales, pour les inciter à redresser leurs comptes. Telle sera l’une des premières tâches du locataire de Bercy que choisira le nouveau chef du gouvernement, nommé jeudi 5 septembre, Michel Barnier. Mission délicate, tant, ces derniers jours, le dialogue entre le ministre démissionnaire de l’économie et des finances, Bruno Le Maire, et les représentants des communes, départements, régions, etc., a tourné au vinaigre.
En désignant les collectivités comme les responsables numéro un du nouveau dérapage des finances publiques, Bercy s’est attiré une volée de critiques des intéressés. Le ministère n’a pas lâché prise pour autant. Jeudi, ses responsables ont exhorté les élus locaux à « sortir du déni » et à agir pour contribuer à l’effort de maîtrise des dépenses publiques. « Le déficit des collectivités territoriales pourrait atteindre plus de 20 milliards d’euros en 2024, un niveau historique qui n’avait pas été atteint depuis plus de vingt-cinq ans », affirme Bercy. Or « le redressement des finances publiques doit reposer sur des efforts partagés par tous : l’Etat, la sécurité sociale et les collectivités territoriales, qui représentent un peu plus de 20 % de la dépense publique ».
Tout commence lundi 2 septembre, lorsque Bruno Le Maire et son ministre démissionnaire délégué aux comptes publics, Thomas Cazenave, adressent enfin aux parlementaires une série de documents financiers qu’ils réclamaient depuis des semaines. Parmi ceux-ci, une note du Trésor datée du 17 juillet évoque une nette dégradation des comptes publics. Au lieu de commencer à se résorber, comme Emmanuel Macron s’y est engagé, le déficit public de la France risque au contraire de se creuser encore, pour atteindre 5,6 % du produit intérieur brut (PIB) en 2024, alerte le Trésor. La perspective de revenir à moins de 3 % en 2027 paraît désormais illusoire.
Pour expliquer cette dérive, le Trésor évoque plusieurs facteurs, en particulier une détérioration de la conjoncture, et l’absence de mise en œuvre concrète des principales mesures d’économies annoncées par l’Etat. A titre plus accessoire, le Trésor cite un problème du côté des collectivités locales : elles pèseraient pour 5,4 milliards d’euros dans l’écart global de 14,7 milliards par rapport aux objectifs.
« Propos mensongers »
Mais, bizarrement, le courrier d’accompagnement signé le 2 septembre par Bruno Le Maire et Thomas Cazenave donne de tout autres chiffres. « Le risque principal est lié à une augmentation extrêmement rapide des dépenses des collectivités territoriales », écrivent les deux ministres démissionnaires : elle « pourrait à elle seule dégrader les comptes 2024 de 16 milliards d’euros ».
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